Interview de ClemR

La transcription ci-dessous a été générée automatiquement à partir de l’audio avec OpenAI Whisper, il est possible qu’il reste des coquilles et le langage est par nature très oral.

Sommaire

  1. Présentation
  2. Genèse du projet
  3. Stages et expérience associative
  4. Financement
  5. Écriture du dossier
  6. Demander la P2 ou la D1 ?
  7. Préparation de l’oral
  8. Déroulement de l’oral
  9. Préparer sa rentrée
  10. Comment se passe ton année ?
  11. Méthode de travail
  12. Ton avis sur la fac de Limoges
  13. Organisation de la vie de couple
  14. Intégration dans la promo
  15. Projets futurs
  16. Conclusion

Je te propose qu’on commence. Est-ce que tu peux te présenter ?

Du coup, je m’appelle Clément, j’ai 33 ans. Je suis en P2, méd à Limoges. Et avant, j’étais infirmier. Encore avant, j’étais ambulancier. J’ai arrêté le lycée à 16 ans. J’ai passé mon bac en candidat libre à 21 ans. Et après, j’ai suivi tout le cursus paramédical avant d’arriver en médecine.

Et dans quel genre de service tu travaillais en tant qu’infirmier ?

J’étais infirmier aux urgences, en réanimation et en SMUR. J’étais un peu dans le sud-est en CHU. Et après, j’ai été dans le sud-ouest dans un hôpital de proximité qui avait quand même une belle activité.

Et tu as exercé combien de temps avant de tenter la passerelle ?

J’ai fait 6 ans d’infirmier avant de tenter la passerelle.

Est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu comment t’es venue cette idée, cette volonté de faire médecine ? Comment est-ce qu’elle est née ? Comment est-ce qu’elle a maturé ?

Elle date, j’ai commencé à penser à médecine à 14 ans pour mon stage de troisième. J’étais avec une médecin généraliste libérale pendant une semaine. Et déjà, ça avait été génial. J’avais adoré. Mais après, je m’étais dit que ce n’était pas trop fait pour moi et que je ne me verrais pas faire des études longues. Puis après, je suis arrivé en tant que secouriste à la Croix-Rouge aux alentours de 16 ans.

Puis après, ambulancier, puis après infirmier. Et c’est vrai qu’en fait, à force d’apprendre des choses, que ce soit des infirmiers ou des médecins, j’avais toujours envie d’en savoir plus. Je me disais toujours que ce métier de médecin, ça a l’air génial. Il y a du diagnostic, il y a du traitement, il y a plein de choses. Et c’est vrai qu’en fait, ça a progressé. Et ça s’est concrétisé un soir où on discutait avec ma femme et où elle m’a dit mais tu parles quand même pas mal de médecine, pourquoi tu ne le tentes pas ? Et c’est vrai que ça a été vraiment le déclencheur. Et le fait d’avoir un soutien dans ce projet, c’était quand même génial.

Je profite du coup que tu m’aies parlé de ton expérience en secourisme. Est-ce que tu estimes que c’est quelque chose qui est intéressant dans le cadre de la reconversion ? Est-ce que tu estimes que c’est obligatoire ? On le voit un petit peu, certaines personnes qui estiment qu’il faut absolument passer par la case secouriste pour enrichir son CV. Qu’est-ce que tu en penses ?

Effectivement, ça a dû à aider que ça soit le secourisme à la croix-rouge. Comme infirmier sapeur-pompier, en fait, je pense qu’il faut montrer une ouverture, que ça soit justement l’implication dans des associations de secourisme. Je pense que c’est juste l’implication dans autre chose que juste son métier, son diplôme, et de montrer qu’on est ouvert sur autre chose.

Alors bien sûr, secourisme, tu as l’aspect un peu paramed, on va dire. Ou en tout cas, d’avoir des notions d’approche du patient, même si on appelle ça des victimes. Mais d’approche du patient, d’approche des gens. Et du coup, ça montre que ça t’intéresse. Mais je pense que déjà de montrer qu’on est ouvert sur le monde, sur les associations, sur tout ça, je pense que c’est surtout ça qui doit aider au moment de présenter son dossier.

Et dans les autres choses qui sont considérées comme un petit peu des must-haves pour présenter son dossier, il y a les stages. Est-ce que toi, tu as pu faire des stages ?

Oui, j’en ai fait, principalement en hospitalier, avec un stage en médecine infectieuse qui a été assez long : j’ai eu une chance énorme, J’ai eu un emploi du temps aménagé où j’arrivais à enchaîner et mon boulot et le stage. Et je pense que même en tant qu’infirmier, c’est vachement important, parce que ça permet de faire un petit pas de côté et d’observer le métier des médecins différemment. Parce qu’on a beau les côtoyer quotidiennement, souvent quand on les côtoie, nous on a quelque chose à faire et eux aussi et c’est vrai qu’on ne voit pas tout ce qui se passe en coulisses entre le moment où le médecin rentre dans son bureau et vient de voir le patient, et le moment où il en ressort avec une prescription, et où il se dit qu’on va faire ça, ça, ça, il y a plein de choses qu’on ne voit pas. Des avis qu’il a pris au téléphone auprès d’autres spécialités, des recherches qu’il a fait sur des traitements, des calculs de doses, des trucs dans le genre, tout ça on ne le voit pas et je pense que c’est vachement important. Et au contraire, je pense que ça montre aussi qu’on veut changer de positionnement, parce que dire, j’ai déjà vu le médecin faire, pas besoin d’apprendre plus, je trouve que ça fait un peu… Je pense qu’il faut quand même le voir différemment. C’est bien de voir différemment le métier du médecin, et de vraiment se faire un focus dessus, et pas se contenter de ce qu’on a déjà vu et de ce qu’on sait déjà.

Finalement, ce que tu dis, c’est que pour la maturation, si je puis dire, de ton projet, ça a intérêt de faire ces stages. Est-ce que penses que vis-à-vis du jury qui va relire ton dossier, qui va voir que tu as fait des stages, c’est intéressant aussi même pour quelqu’un qui a une expérience de paramédical ?

Je ne sais pas, clairement, je n’ai pas eu de retour là-dessus, que ce soit à l’oral. Après, j’ai été pris à l’écrit, donc peut-être que ça a fait pencher la balance, mais je n’ai pas eu de réel retour. Par contre, ce qui est sûr, c’est que ça a fait maturer mon projet, ma lettre de motivation et mon oral. Sans aucun doute, parce que… d’un coup, j’ai eu un vrai switch, surtout au moment de l’oral, où d’un coup, je me suis rendu compte que on allait laisser tomber toute l’exposition paramédicale de tout que j’avais prévu de faire, où je faisais un énorme pavé sur mon expérience.

Finalement, j’ai tout fusionné et je suis allé plus vers le médical. Ça m’a vachement, moi, aidé à tout organiser. Peut-être qu’ils n’ont pas ressenti, peut-être qu’ils n’ont pas trouvé d’intérêt direct, mais c’est sûr que je pense que c’est ce qui m’a aidé à encore mieux me défendre mon projet, que ce soit à l’écrit ou à l’oral.

Et comment est-ce que tu as fait pour trouver des stages ? Quels conseils tu donnerais aux gens qui en cherchent ?

Après, moi j’ai triché parce que j’ai eu l’avantage… j’ai eu des amis qui m’ont permis de rencontrer d’autres amis qui m’ont permis d’avoir une chef de service qui a vraiment fait du forcing auprès de la direction des affaires médicales. Mais après, clairement, ça a été de l’envoi de mail, beaucoup de LinkedIn aussi, parce que souvent, l’avantage, c’est qu’on connaît déjà le pedigree de la personne par rapport à s’il est… Par exemple, il y avait un médecin généraliste qui était MCU dans le sud-ouest, et du coup, je savais qu’il serait peut-être plus ok pour accueillir des personnes qui tentent la passerelle qu’un médecin généraliste au fin fond de la cambrousse. Quoique, c’est même pas dit.

Mais ouais, j’ai démarché comme ça, j’ai écrit des mails aux hôpitaux, parfois un peu aux cadre de santé, mais les trois quarts du temps, ils demandaient des conventions. Ça a été souvent grâce aux chefs de service, aux différents chefs de service que j’ai réussi à avoir mes stages.

Les stages que tu as pu faire, c’était les stages sans convention ?

C’était avec des conventions, mais des conventions forcées. Sauf la médecine générale, mais sinon, c’était des conventions où le chef de service renvoyait des mails et des mails et des mails jusqu’à ce que la direction des affaires médicales accepte. Parce que le problème, c’est que sinon, c’est convention tripartite, et quand tu es en exercice, c’est impossible de trouver une personne qui sera capable de la faire signer.

Tu as pu faire des stages avec des conventions qui étaient uniquement entre toi et le service, tu n’as pas eu besoin d’un organisme pour te la signer ?

C’est ça.

Il y a une autre thématique qui est très importante quand on prépare sa reconversion, c’est la thématique du financement. Est-ce que toi, tu peux nous parler un petit peu de comment tu as envisagé les choses à ce stade ?

Au niveau du financement, j’avais plusieurs options, dont certaines que je ne connaissais pas au tout début. Initialement, j’ai été parti pour faire signer une rupture conventionnelle avec mon hôpital. J’avais demandé un rendez-vous avec le directeur parce que je ne voulais pas que l’hôpital soit encore au courant de mon projet et je voulais que ça reste dans un cercle assez fermé. J’ai rencontré le directeur et il m’a clairement dit que la rupture conventionnelle, c’était hors de question.

Par contre, il m’a proposé une deuxième option qui était le fait de me faire financer deux années de ma formation par l’ANFH, qui est l’organisme de formation de la fonction publique hospitalière. Après quelques recherches, je me suis rendu compte que ça pouvait être assez intéressant. En gros, ils me donnaient 85% de mon salaire brut plus une aide de 600 euros max pour le logement et en plus, remboursement d’une partie des frais de nourriture. C’était plutôt intéressant. Après, il fallait déposer un dossier et on avait une chance sur cinq d’être financé par l’ANFH. Après, ça dépend des régions puisque c’est régionalisé ces aides. J’ai fait mon dossier que j’ai déposé et j’ai reçu la confirmation que j’étais financé le même jour où j’ai reçu mon admission en P2 à Limoges.

Cette aide de l’ANFH, c’est une aide qui est disponible pour toutes les personnes qui travaillent dans la formation publique hospitalière sous réserve d’être acceptées, comme tu l’as expliqué, c’est ça ?

C’est toutes les personnes qui bossent dans la fonction publique hospitalière, effectivement. Après, je crois qu’il faut être titulaire et depuis plus de deux ou trois ans.

Et donc, c’est soumis à l’acceptation ? J’imagine qu’il y a un passage devant un jury ou quelque chose comme ça ?

Alors, c’est uniquement sur dossier. On ne passe pas physiquement devant un jury mais le dossier passe devant un jury qui est composé de, je crois que c’est les représentants du personnel, donc en gros les syndicats et tout ça au niveau de la région et ils décident en fonction du budget qu’ils ont de qui ils financent et c’est aussi les orientations de la région, par exemple. Il y a des jurys qui ne financent que des trucs hors santé ou par exemple, je crois que c’est Marseille qui est réputé pour ça, pour financer hors santé principalement. C’est vraiment région dépendant.

Et est-ce que en contrepartie de l’aide, tu dois t’engager sur un certain type d’exercice ou alors un certain nombre d’années dans un désert médical ou en tant que secteur 1 ou des choses comme ça ?

Non, c’est complètement libre. En fait, c’est vraiment un financement, c’est vraiment un droit à la formation. Ce n’est pas comme certaines formations qui sont financées par l’hôpital et qui font partie du plan de formation d’hôpital. Et là, dans ces cas-là on doit parfois jusqu’à 5 ans à l’hôpital en fonction du temps qu’a duré la formation. Là, c’est vraiment quelque chose de libre. C’est un droit. Il faut juste que le jury accepte le projet.

Et le financement, il est disponible pendant la totalité de tes études ou c’est un nombre d’années fixées ?

C’est 2 ans. Alors je crois que certaines régions là encore, peuvent pousser jusqu’à 3 ans. C’est un nombre de joueurs rapporté au ratio d’heures par jour. Voilà, et les régions sélectionnent.

Est-ce que à côté de ce financement que tu as décroché toi, tu continues à travailler à côté ?

Alors, je ne travaille pas au sens propre du terme. Je continue une activité de sapeur-pompier volontaire. Je suis toujours infirmier sapeur-pompier volontaire en parallèle.

Et comment est-ce que ça s’imbrique avec les études ? Est-ce que c’est pas trop lourd ? Est-ce que tu t’en sors ? Est-ce que tu es obligé par exemple de faire un peu moins de gardes quand tu es en période de partiels ?

Alors, oui… C’est assez flexible. J’ai l’avantage d’être dans un petit groupe d’infirmiers : on est 8 sur mon centre de secours. Ils sont vachement bienveillants. Ils m’ont tout soutenu pour ce projet dès qu’ils ont été au courant. Donc, ils savent que les moments, là par exemple, on est en période de partiel, ils savent que, je crois que c’est du 4 novembre au 18 décembre, je prends 0 garde. Mais par contre, derrière, après, ils me laissent poser pas mal de gardes sur toutes les périodes de vacances. Ils me donnent priorité sur les week-ends.

C’est pas très dur de s’organiser parce que l’avantage, c’est que contrairement à un travail qu’on va dire classique, là c’est vraiment un travail de garde. Hors des interventions je vais pouvoir me poser dans la salle de cours, réviser. Il y a même d’autres personnes qui révisent avec moi d’autres trucs qu’ils préparent, du coup, c’est plutôt cool et ça s’imbrique plutôt très bien. Et là-dessus, j’ai vachement de chance.

En ce qui concerne le financement, il y a un dispositif spécifique à la médecine qui est le CESP, le contrat d’engagement de service public pour ceux qui connaîtraient pas. Est-ce que toi, c’est quelque chose que tu envisages ?

Alors, je l’envisage, oui et non. C’est quelque chose qui me brancherait bien parce qu’effectivement, il va falloir un moment financer les autres années. Après, avec quelques réserves, parce que c’est vrai que le CESP, il y a quand même déjà quelque chose où il faut affirmer sa spécialité. Et en plus de ça, il est facilement donné aux méd gé, beaucoup moins aux personnes qui viseraient quelque chose d’hospitalier.

Donc, c’est vrai que je vais temporiser, en tout cas, si je le vise, ça ne sera pas avant la deuxième année d’externat parce que je veux me laisser le choix de découvrir au moins quelques spécialités avant et d’être vraiment sûr de mon choix. Et puis en plus, il y a toutes les histoires, mais ça, je pense que tu en parleras plus tard, de personnes qui « volent » des postes et les vols des CESP, c’est vrai que ça donne pas trop envie de se dire qu’il faut retravailler son projet la veille de l’internat.

Remarque : comme l’a dit Clément, sur le CESP, vous faites ouvrir un poste qui n’est pas nominatif et donc ensuite il y a un classement entre personnes qui ont eu le CESP et quelqu’un de mieux classé que vous peut prendre votre poste puisqu’il n’est pas ouvert à votre nom. Et c’est ce que les gens appellent le « vol de poste », même si c’est pas du vol entre guillemets, c’est vraiment que les postes ne sont pas nominatifs. Mais c’est vraiment ressenti comme du vol, bien sûr, surtout chez les gens qui ont un projet précis, ancré dans une certaine région.

Alors, on va passer cette fois-ci sur la thématique un petit peu de l’écriture du dossier. Est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu comment ça s’est passé pour toi, comment tu as écrit ta lettre de motivation, ton CV, et quels sont pour toi les points importants à mettre en valeur, en particulier pour les gens qui ont un profil de paramédical, voire d’infirmier comme le tien ?

Du coup, ma lettre de motivation, je l’ai écrite au mois de décembre de l’année dernière. C’est venu quand même assez rapidement parce que je me suis rendu compte que ce projet de médecine et ce projet de passerelle que je connaissais depuis quelques années, finalement, ça me trottait pas mal dans la tête. Il y a eu pas mal de choses qui sont venues naturellement, d’autres un peu moins. Ça a pris du temps. Je me suis organisé, j’ai écrit une première lettre « one-shot », et puis après, j’ai modifié au fur et à mesure. J’ai toujours gardé la même trame mais j’ai modifié pas mal de points. Par contre, quand je faisais une grosse modif, j’enregistrais toujours une version. Du coup, j’ai commencé à la version une et j’ai terminé à la version vingt et une mais avec toujours ce côté très progressif, de voir comment on mature le truc. Parfois, on va avoir une idée qu’on trouve nulle à un moment qu’on va aller rechercher et repositionner dans la lettre. C’est vraiment un travail de maturation. Je pense que c’est cool parce que j’ai pu voir évoluer en deux, trois mois ma réflexion et surtout le recul que j’ai pris sur ma première lettre de motivation.

Sur quoi insister en tant que paramed ? Je pense que les études paramed, à tort ou à raison, sont vues comme des études faciles. Il ne faut pas hésiter à montrer qu’on a le niveau académique, en montrant qu’on a fait autre chose que infirmier, qu’on a fait des DU, qu’on a fait des formations, qu’on a fait des MOOCs. On doit montrer qu’en tout cas, on n’est pas resté sur ses acquis parce que souvent, les médecins et les PUPH ont donné des cours en IFSI (en école d’infirmier) et ont vu que parfois c’était un peu light. Sur certains points, ils n’ont pas toujours tort, donc c’est vrai qu’ils ont toujours cette vision-là, il ne faut pas hésiter à appuyer sur le côté académique.

Je pense que l’expérience paramed il faut savoir la fusionner. C’est-à-dire que si on est un infirmier qui a un peu gravité à droite à gauche, qui est allé un peu partout en France, il ne faut pas hésiter à tout fusionner et dire ce que ça a apporté pour aider à faire médecine. Il ne faut pas rester campé sur son expérience, parce que l’expérience c’est bien, mais ça ne va pas suffire pour 10 ans d’études médicales. Donc je pense qu’il faut vraiment fusionner tout ça, donc dire que l’ensemble de ce métier m’a appris ça, ça, ça, et pas juste dire alors j’étais en réanimation, ça m’a appris ça, j’étais aux urgences, ça m’a appris ça, j’étais en soins de suite, ça m’a appris ça. Ça va remplir le vide, je pense que ça va pas accrocher.

Après, ce que je dis beaucoup aussi aux personnes dont je relis les lettres, c’est qu’il ne faut pas hésiter à faire des phrases courtes parce qu’il faut vraiment être dynamique. Alors je ne sais pas combien de lettres ils ont à relire à Limoges, mais je pense qu’il faut vraiment donner envie de connaître la suite, il faut raconter son histoire, il faut dire… enfin, moi je partais de ce que j’étais, que les études de médecine vont m’apporter et quel médecin je veux devenir, et aussi quel moyen je me donne.

Ça a été en gros la trame que j’ai respectée sur le long de ma lettre de motivation. Je pense qu’il ne faut pas hésiter à être dynamique et vraiment aussi à avoir un fil conducteur parce que sinon on peut se perdre quand même facilement et je pense que si on perd le lecteur, sachant qu’on si je suis bien les stats, on est à peu près à une chance sur 10 de réussir. Donc je pense qu’il ne faut vraiment pas être éliminé sur le fait qu’on soit difficile à lire.

Je rebondis un petit peu sur ce que tu disais, notamment quand tu parlais de fusionner. Donc on comprend bien, en tout cas moi c’est ce que j’ai compris, que tu parles de prendre toutes les expériences et d’en faire un bloc un petit peu homogène dans lequel tu expliques tout ce que ça t’a apporté. Et ça c’est important pour ne pas perdre le lecteur comme tu disais, peut-être pour ne pas faire une lettre qui soit trop longue, c’est ça ?

C’est ça exactement. Je pense qu’ils savent ce que c’est qu’un infirmier et comment il exerce, même s’ils ne connaissent pas le métier d’infirmier à 100%. Mais ils savent. Après, dire ce que tu as retrouvé de cette expérience, je pense que c’est ça qui va le plus compter. C’est de dire que ça t’a appris le contact avec le patient, que ça t’a appris le fonctionnement du corps humain, mais de dire qu’en réanimation, tu as préparé des pousses-seringues, en fait, ils s’en fichent. Et effectivement, ça risque de faire une lettre beaucoup trop longue, beaucoup trop précise. Et je pense qu’ils veulent surtout savoir ce qui t’a poussé à faire médecine. Donc du coup, toujours, moi, ce que je faisais, c’est qu’en fin de chaque paragraphe, j’essayais que ma dernière phrase soit toujours en lien avec médecine et jamais infirmier-centrée… paramedic-centrée. L’objectif, c’était vraiment de se projeter, c’est que chaque paragraphe projette vers médecine, en fait.

Sur ta réponse initiale, tu as parlé des lettres que tu relisais. Ça, c’est une thématique importante. Est-ce que toi, tu penses qu’aujourd’hui, c’est important, voire essentiel de se faire relire ? Est-ce que plutôt par des gens qui te connaissent, des gens qui ne te connaissent pas, des admis des années précédentes ?

Alors, les relectures de lettres, je crois que j’en ai demandé deux ou trois sur Discord. J’en ai fait beaucoup relire à l’extérieur et surtout par des personnes qui ne me connaissaient pas ou peu parfois si possible hors milieu médical. J’ai fait relire à mon directeur d’hôpital la lettre parce qu’il avait une ancienne expérience très longue en RH. Je l’ai fait relire par le commandant de ma caserne qui, pareil, fait énormément de recrutement. Et en fait, je l’ai fait relire par des personnes qui, en fait, justement, étaient tellement extérieures à la médecine qu’il fallait que ça soit fluide pour eux. Donc ça, ça a été plutôt pas mal. Ils m’ont apporté des conseils vachement précieux de comment améliorer, de comment rendre la chose dynamique et intelligible pour tout le monde.

Donc du coup, il y a aussi possibilité de se faire relire par des personnes qu’on connaît. Alors il y a des avantages parce que ces personnes-là, du coup, si vous les connaissez vraiment bien, elles vont pouvoir vous dire les choses. Mais il y a aussi le côté, parfois… moi, j’ai eu ce biais-là pas mal avec mes amis : les trois quarts sont infirmiers ou parameds et du coup, il y avait ce côté tellement impressionnant du projet… Où du coup, ils se disaient, ouais, c’est tellement génial que de toute façon… C’est une bonne idée. Enfin, ça peut être qu’une bonne idée. Et du coup, ils n’étaient pas très objectifs. Donc c’est vrai que je pense que de faire relire par des extérieurs, que ça soit des admis, que ça soit des personnes complètement extérieures, même à votre vie, franchement, je pense que c’est quand même une grosse richesse. Et le Discord est vraiment top pour ça aussi.

Sur l’écriture du dossier en lui-même, les personnes en général le savent, mais quand on tente la passerelle, on peut rentrer soit en P2, soit en D1. Il y a des discussions à propos de est-ce qu’il faut le demander ? Est-ce qu’il ne faut pas le demander ? Quels sont les types de profils qui peuvent aller en P2 ? Quels sont les types de profils qui peuvent aller en D1 ? Toi, tu es rentré en P2. Est-ce que c’est quelque chose que tu avais demandé ? Est-ce que du coup, tu avais demandé la P2 ? Et puis avec le recul que tu as maintenant, est-ce que finalement, tu es satisfait d’être rentré en P2 ?

Alors, demander ou pas demander, de toute façon, je crois que maintenant, certaines facs même le marquent sur leur site que c’est eux qui décident. Nous, à Limoges, les seules personnes qui sont rentrées en D1 sont des médecins étrangers qui ont fait une passerelle médecin étranger, donc c’est encore un peu plus spécifique. Mais c’est les seuls qui sont rentrées en D1. Ils font rentrer tout le monde en P2. J’avais demandé de toute façon à rentrer en P2 parce que je savais la dureté de ces études. Je ne connaissais pas du tout les matières abordées, même si je les avais eues un peu dans le cursus paramed. Mais c’était tellement précis et tellement plus poussé que je ne voulais pas perdre une année et en gagner une.

Et je le vois maintenant, c’est tellement dense que je pense qu’en D1, j’aurais peut-être tenu le coup, mais je ne sais pas à quel prix. Donc je pense que c’est quand même bien aussi de prendre le temps, et c’est pas mal confirmé par les personnes, surtout avec la nouvelle mouture des EDN,où mine de rien, si on a bien appris les matières en P2/D1, ça aide aussi quand même pas mal à préparer les EDN. Et en plus, nous, maintenant, ils commencent à mettre les collèges de plus en plus tôt. Là par exemple, on a Cardio au semestre 2 de la P2. Ils commencent à mettre les items de rang A, à commencer à faire le lien entre la DFGSM et la DFASM.

On va bouger un petit peu chronologiquement. Donc, tu as préparé, écrit et envoyé ton dossier qui a été accepté, tu as été reçu pour la deuxième partie qui est l’oral. Comment est-ce qu’on se prépare à l’oral de la passerelle ?

Moi, en fait, l’image est assez opaque sur la manière dont se passe la passerelle. En gros, on sait qu’on doit envoyer le dossier avant le 15 mars, mais par contre, on ne sait pas quand est-ce qu’on aura le retour. J’avais eu la chance de discuter avec Paulino qui était sur le serveur Discord et qui avait fait un témoignage où il disait qu’on recevait super tard son admission pour l’oral. Et du coup, en fait, j’ai laissé deux semaines entre l’envoi de ma lettre de motivation et le début de ma préparation à l’oral en me disant, au pire, si je ne suis pas pris, j’aurais quand même bossé quelque chose et ça pourra toujours servir. Et au moins, si je suis pris, j’aurais déjà bien bossé avant. Et je pense que j’ai bien fait parce que j’ai reçu ma lettre comme quoi j’étais admis à l’oral le 7 juin pour un oral le 21 juin. Je pense que là-dessus, je ne me suis pas trop planté.

Donc, j’ai commencé à bosser mon oral. Initialement, je m’étais dit, tiens, je vais faire quelque chose de complètement différent de ma lettre de motivation, je vais aller plus loin que ma lettre de motivation, en fait. Et après la lecture de quelques témoignages, après quelques questions posées sur le Discord, je me suis rendu compte que tout le monde ne lisait pas la lettre de motivation et que peut-être que ça ne servait à rien d’aller plus loin, mais plutôt que d’aller plus loin, c’était mieux de préciser la lettre de motivation, d’appuyer sur des choses fortes, de peut-être l’enrichir d’autres expériences qu’on a eues. Par exemple, j’ai eu un autre stage entre-temps et du coup, ça m’a permis d’enrichir ma lettre. Et le tout en tenant un maximum de cinq minutes. Je crois que ça avait été ça au tout début qui était le plus long.

À partir du mois de mars, j’ai commencé à reprendre ma lettre de motivation, à la retravailler, en me faisant des styles de bullet points où du coup, je me faisais les gros items avec un petit logo. Par exemple, du coup, j’ai fait un paragraphe où je parlais de mon expérience secouriste, puis après l’expérience paramed. Après, j’ai essayé de faire un petit paragraphe un peu profession de foi où je disais que pour moi, la médecine, c’est ça, et du coup, le mettre en avant, un paragraphe sur les difficultés à reprendre… Enfin, difficultés.… Le challenge de reprendre des études. Et après, derrière, tout ce qui était financement, Soutien familial et tout ça. Et puis après, une conclusion qui portait, on va dire, vers la suite. Là-dessus, ça a été un peu chaud.

Du coup, après, au début, je me disais, tiens, on va juste faire des petits items et je vais… Pas besoin de par cœur. Et puis finalement, un mois avant, je me suis rendu compte que si je ne l’apprenais pas par cœur, je dépasserais ou alors je serais trop bref… Donc, j’ai commencé à l’apprendre par cœur et j’ai fait une petite technique que je conseille vachement : on imprime les photos de tous les membres du jury, on les colle sur son mur et on récite son oral devant ces têtes-là. Et comme ça, quand vous arrivez à l’oral, le fait de connaître déjà la tête des gens, du coup, vous n’allez pas être surpris. Vous n’allez pas découvrir des visages. Vous allez juste retrouver les visages. Ça m’a vachement aidé. Ça fait un peu psychopathe, Ça fait un peu serial killer d’afficher tous ces visages sur le mur, mais il n’empêche que ça aide vachement, je trouve.

Et donc, dans le cadre de la préparation de l’oral, il y a plusieurs groupes d’admis qui proposent des oraux blancs. Et aujourd’hui, c’est vrai que c’est quelque chose qui est assez répandu, donc, ça peut donner facilement l’impression que c’est un passage obligatoire. Qu’est-ce que tu en penses ? Est-ce que tu penses que c’est obligatoire ? Est-ce que tu penses que c’est pas si utile que ça, relativement utile ? Est-ce que toi, t’en as fait ? Est-ce que ça t’a aidé ?

Des oraux blancs sur Discord, oui, j’en ai fait deux. Après, les oraux blancs, de toute façon, peu importe face à qui, il faut les faire. J’en ai fait un, deux, trois, quatre, cinq. Il faut réciter, là encore, le texte à plein de types de personnes, des personnes qui ne seraient pas du tout en médecine, qui vont plus avoir un regard RH, d’autres personnes qui vont être au contraire…

Par exemple, j’ai eu la chance de le faire face à un PUPH qui m’a donné des conseils, j’en ai pris. Il y en a d’autres que je n’ai pas pris aussi. Il faut vraiment varier le type de public pour que, là encore, toute personne puisse s’y retrouver et que ça puisse parler au maximum de gens. Et puis, en plus, ça permet de faire tomber la pression parce qu’un texte qu’on n’a jamais dit à personne et que, d’un coup, on sort, je pense que, si la première fois, c’est devant le jury, ça doit être quand même vachement dur.

Donc, voilà pour la préparation de l’oral, au niveau de l’oral en lui-même, est-ce que tu peux nous raconter un petit peu comment ça s’est passé ? Combien il y avait de membres du jury ? Quelles questions ils t’ont posées ? Quelles sont un petit peu les impressions sur le moment ? Quel est le format, aussi, finalement, de l’oral à Limoges ?

L’oral, du coup, moi, c’était le 21 juin. Le format demandé, c’était 5 minutes de présentation maximum. Ils insistaient bien sur le maximum. Et ils disaient qu’à l’issue, le jury était susceptible de poser des questions. Il y avait 8 personnes annoncées, moi j’étais face à 7 personnes. Nous, on n’a pas de dentaire à Limoges, donc, il y avait 2 pharmas, 2 meds, 2 sages-femmes. Et, par contre, il y avait, en plus de ça, il y avait un ingénieur. Je ne me souviens plus exactement son poste, je crois qu’il est technico-administratif au sein de la faculté de médecine. Alors, je ne sais pas du tout la raison de sa présence, mais c’était intéressant de se dire qu’il y avait une personne extérieure à la médecine dans le jury.

Le déroulé de l’oral, donc, ils nous convoquent à un horaire. Donc, moi, c’était fin de journée, c’était un peu dur : c’était 17h15. Et je suis passé, finalement, à 17h45. Ils sont tous assis devant, en ligne, avec chacun un ordinateur devant eux, en train de relire la lettre de motivation et le CV au passage. Et là, en fait, c’est parti pour cinq minutes de présentation. Alors j’avais de la chance parce que la personne vraiment juste en face de moi, c’était la directrice de l’école des sages-femmes. Elle n’était pas du tout sur son ordi, elle écoutait mot après mot ce que disaient les gens. Et même, j’entendais un peu les questions qu’elle posait à travers la porte aux autres candidats. Et elle était vachement bienveillante sur ses questions, donc, ça rassurait avant de rentrer dans la salle. J’ai pu dire mon texte, et je savais que c’était une personne sur qui m’appuyer. Et j’ai su qu’au moment où je faisais ce que j’avais dit, un peu la profession de foi, sur pourquoi je voulais faire médecine, à ce moment-là, j’ai eu vraiment tout le jury qui a lâché les tablettes, lâché les ordis et qui a commencé à suivre mon discours. Et du coup, c’est vrai que c’était plutôt agréable.

Donc après, quand j’ai conclu, ils m’ont posé trois ou quatre questions, mais ça a duré maximum une minute trente. Ils m’ont demandé comment j’avais prévu de m’installer à Limoges, parce qu’il fallait que je déménage de toute façon, fatalement, pour aller étudier à Limoges. Donc, je leur ai dit que j’avais commencé à faire quelques visites et à avoir quelques attaches dans le coin. Ils m’ont demandé si j’avais pas trop peur de reprendre les études après six ans sans études. J’ai répondu un peu trop spontanément, mais j’ai dit « non non, j’ai hâte » et ça a fait rigoler un peu tout le monde. Et puis finalement, après, j’ai un peu développé en expliquant pourquoi j’avais hâte, comment je m’y étais préparé et tout ça. Et puis après, il y a, je crois que c’est le doyen de Pharma qui m’a dit, si je comprends bien le projet, en fait, votre truc, c’est vous voulez faire médecin généraliste en zone rurale. J’ai dit qu’en fait, c’était effectivement une option qui m’intéressait, mais que je voulais pas signer un chèque en blanc là tout de suite parce que je savais que j’allais avoir des années de stage où j’allais découvrir des services, des spécialités, et que si ça se trouve, il y en aurait une qui m’intéresserait et du coup, non, je serais pas obligatoirement médecin généraliste en zone rurale.

Voilà, et après, ils m’ont souhaité une très bonne soirée et je me suis dit, en fait, ce coup-là, soit c’est complètement raté, soit c’est complètement réussi, mais tous les autres avaient genre cinq à dix minutes de questions et moi, au bout d’une minute trente, j’étais dehors, ça m’a fait vraiment bizarre. Donc quand je suis rentré à la voiture et quand je suis rentré à la maison, j’étais vraiment mitigé. La sensation était vraiment bizarre.

Je rebondis un petit peu sur ce que tu as dit, puisque tu as une question sur ton projet professionnel. C’est donc que tu en as parlé dans ta lettre ou dans ton oral ?

Alors dans ma lettre, j’avais dit qu’en toute logique, vu mon parcours d’urgence, ça fait depuis l’âge de 16 ans que je suis dans le milieu de l’urgence, donc là, ce qu’on appelle le DESMU, le diplôme d’études spécialisées en médecine d’urgence, c’était quelque chose qui m’attirait, mais que cependant j’étais ouvert à plein d’autres spécialités, parce que ce que j’aimais finalement, c’était le côté transversal, donc la médecine générale, mais aussi l’anesthésie, réanimation et d’autres spé me branchaient.

Après, je ne pense pas qu’il faille affirmer directement une spécialité, parce que ça peut être quelque chose d’un peu compliqué face à un jury, surtout si c’est une spécialité extrêmement demandée et où ils n’auront jamais de mal à recruter. Je pense qu’il faut laisser quand même un peu le champ libre. Et moi, dans la lettre de motivation, je l’avais dit, à l’oral, déjà, je l’avais beaucoup plus nuancé. J’avais évoqué les spécialités qui pouvaient me brancher, tout en disant que j’étais pas du tout fixé.

Mais donc, tu les avais évoquées spontanément, c’est pas uniquement quand ils t’ont posé la question ?

Oui, je les avais évoquées spontanément, parce que je savais que je pourrai les défendre, et surtout que je savais de quoi je parlais. C’est vrai que je pense que ça aurait été beaucoup plus dur de parler, par exemple, je sais pas, d’hémato, alors que j’ai jamais fait, j’ai jamais exercé en hémato, j’ai jamais croisé même d’hémato à part en cours, donc je savais que je pouvais le défendre, mais là encore, tout en disant que c’était pas un projet abouti, que c’était quelque chose qui pouvait peut-être me plaire, mais je voulais pas fermer les portes. Je pense que c’est important de garder un discours toujours ouvert, surtout quand on est dans n’importe quel recrutement, en vrai, mais principalement pour la passerelle, c’est important d’être ouvert, parce qu’on sait qu’il y entre un tiers et la moitié des postes en médecine générale. Donc, si on ferme la médecine générale, je pense que ça peut faire quand même un peu peur au jury de se dire « Bon, ça en fait un de moins », sachant qu’en plus, la médecine G est une des rares spécialités qui remplit pas.

– Ça remplit, mais ça remplit très bas, cette année, c’est rempli.

– Ah, j’ai pas vu la situation.

– Ça remplit quasiment tous les ans, mais là, en fait, ce qui est inquiétant, c’est que ça remplit vraiment de plus en plus bas. Mais cette année, alors il était 9700, si je dis pas de bêtises, et la dernière place de méd gé a dû partir dans les toutes dernières.

– En rajoutant une quatrième année.

– Ouais, en rajoutant, effectivement, c’est intéressant. En rajoutant une quatrième année de DES.

– Mais c’est ça, et je pense que ça aussi, il faut le montrer au jury, à l’oral. Certes, on veut faire médecine, mais on est concerné par le fait qu’on va faire 10 ans d’études, et donc du coup, qu’on a conscience de ces études. Par exemple, je vois sur le Discord la R2C. Je sais que la conférence que t’avais faite sur la R2C, je me la suis refaite la veille au soir, vers 1h du matin, parce que j’arrivais pas à dormir, parce que je savais que des questions pourraient tomber dessus déjà, et que ça montrait aussi qu’on savait que ces études évoluaient, qu’on savait comment on serait évalué, et que du coup, on n’était pas là que pour devenir médecin, mais qu’on était là aussi, et surtout pour faire des études de médecine, parce qu’ils recrutent des étudiants. Ils recrutent certes des futurs médecins, c’est évident, mais pendant 10 ans, on va être étudiant, et je pense que c’est important de montrer qu’on est concerné par ces études, par les matières étudiées, par tout ça, quoi.

Pour la prochaine question que je vais te poser, je tiens à préciser, parce que c’est important, que ni Clément ni moi ne sommes jurys, donc on a évidemment des impressions sur la manière dont ça fonctionne, mais que c’est très personnel et pas forcément vrai. Donc écoutez-nous toujours avec des pincettes et avec sens critique, mais on entend beaucoup de discours contradictoires sur la question de l’oral, dans le sens où il y a des gens qui considèrent que l’oral, finalement, les personnes qui vont être acceptées sont déjà un petit peu connues, et c’est une confirmation, alors qu’il y a d’autres personnes qui considèrent que tous les gens qui vont à l’oral ont une chance et que le jury va choisir entre ces personnes-là. J’aimerais savoir ce que toi, tu en penses, et est-ce que tu as eu cette sensation, quand tu as passé ton oral, que c’était gagné ou au contraire que c’était perdu, et finalement, tu t’es trompé puisque tu as été admis ? Qu’est-ce que tu penses un peu de cette question ?

J’avais quand même cette sensation à la fin de l’oral, on va commencer par peut-être la fin de l’oral justement, où en fait, je te dis, j’ai eu une minute trente de questions, donc je me suis dit, en fait, soit c’est tout bon et j’étais assez clair, et du coup, en fait, finalement, ils n’avaient pas plus de questions que ça, soit c’est complètement planté, et en fait, ils n’ont pas voulu faire durer le supplice, et du coup, ils ont dit au revoir en disant, bon, ben, c’est pas grave. J’étais clairement mitigé à la sortie de l’oral.

Par contre, je pense qu’effectivement, au niveau des convocations, côté médecine, on en a discuté un peu avec mes collègues passereliens, et on pense que le choix est quand même plus ou moins fait. Il y a quelque chose qui me l’a confirmé, c’est quand j’ai entendu une médecin étranger, ils ont un processus de sélection encore un peu plus spécifique, mais elle était déjà convoquée la semaine d’après, alors qu’elle n’avait pas encore eu les résultats de son oral qu’elle était en train de passer. Donc je pense qu’il y a quand même un truc un peu de… Il y a du un peu déjà joué, peut-être, mais que par contre, si l’oral ne colle pas avec l’écrit, je pense qu’ils sont aussi capables de faire sauter… Je pense que, ouais, je ne saurais pas me prononcer.

Et sur le jury de Limoges, de manière générale, tu en as déjà un petit peu parlé, mais histoire de savoir est-ce qu’ils t’ont paru plutôt antipathiques, plutôt agréables ?

Ils sont extrêmement bienveillants. Je l’ai vu, en fait, justement, comme je disais, on entend un peu à travers la porte ce que font les candidats d’avant. Et en fait, même les candidats qui sont arrivés en mode touriste, c’est-à-dire, bonjour, je m’appelle Bidule, j’étais là, et je fais ça dans la vie, et c’était tout, donc vraiment, qu’il n’y avait aucune conscience de ce que c’était que l’oral ; même face à ces personnes-là, ils ont essayé de les repêcher sur les questions. Ils ont posé plein de questions pour, justement, essayer de faire un peu d’étoffer un peu le dossier, de voir s’ils ne passaient pas à côté d’un candidat précieux. Parce que je pense que, quand même, ce n’est pas comme passer une PASS ou une LAS : eux aussi ont la pression de recruter les bonnes personnes. Les études en France sont faites de telle manière que la faculté va investir de l’argent sur cet étudiant, et qu’à un moment, il faut trouver le bon étudiant qui va aller jusqu’au bout. Donc ils ont cette pression-là de se dire, est-ce que lui, au niveau financement, ça va être bon ? Est-ce qu’il va réussir à tenir ? Est-ce qu’au niveau capacité académique, il va réussir à tenir ? Et du coup, ils ont quand même cette pression-là, qui fait qu’ils ont besoin aussi d’être rassurés. Et c’est pour ça qu’il faut laisser le minimum de zones de flou, je pense, quand on s’exprime à l’oral, et aussi dans la partie écrite. Parce que je ne pense pas qu’ils aiment beaucoup les zones de flou, et je pense qu’il faut être le plus clair.

Mais par contre, oui, ils sont extrêmement bienveillants. Alors c’est sûr que parfois, ça peut un peu tirer dans les angles : parfois, il y a une ou deux questions pièges. J’ai eu un oral qui m’a peu déstabilisé, à part le moment où ils étaient derrière leurs ordinateurs, mais en même temps, il fallait bien qu’ils se replongent dans les lettres : ça faisait trois ou quatre mois qu’ils ne les avaient pas lus.

Je te propose qu’on avance un petit peu dans la chronologie. Par la suite, tu as été admis. Félicitations. Est-ce que tu peux expliquer un petit peu, toi, comment tu as préparé ta rentrée ? Notamment, quelles sont les matières que tu as révisées ? Et maintenant, avec le recul que tu as de la P2, est-ce que tu penses que c’était les bonnes matières ? Qu’est-ce qu’il faut privilégier quand on veut rentrer à la fac de Limoges ?

Je vais un peu squeezer. D’un point de vue pratique, comment je me suis préparé à la rentrée ? Au niveau des cours, je voulais réviser un peu avant, donc j’ai commencé en décembre de l’année dernière à bosser un peu les matières PASS. J’ai fait vraiment tout, un peu dans tous les sens, un peu n’importe comment. J’essayais surtout de m’astreindre à une méthodologie de travail plus qu’à ce que j’apprenais, qui n’était pas obligatoirement bien, mais ça m’a quand même aidé pour cette année. J’essayais surtout de m’astreindre en me disant, le matin, on va commencer par telle matière, puis après telle autre et tout ça. J’ai fait un peu tout, j’ai fait de la bio-phy, j’ai fait de la bio-cell… c’est allé un peu dans tous les sens.

Enfin, ce qui m’a le plus aidé, et ce qui m’aide vachement là, c’est tous les MOOC que j’ai pu faire : les MOOC sur l’infectio, les MOOC sur l’histologie. Si je devais conseiller, je pense que les MOOC, c’est quelque chose de plus dynamique. Parce que déjà, ça rejoint beaucoup plus le fait d’avoir un cours et après de restituer les connaissances. En plus de ça, il y a un côté un peu progressif, un peu comme les connaissances qui vont nous être données au fur et à mesure des années. Donc ça, ça a été vraiment pas mal. Au niveau des matières, ce qui aurait pu m’aider, si je l’avais bien fait, ça aurait été de faire pas mal de bio-phy parce qu’on a un prof qu’on va beaucoup, beaucoup croiser sur la DFGSM, qui est un amoureux de la bio-phy. Après, finalement, je pense que l’anat, il faut vraiment bosser, bosser, bosser l’anat en amont, appareil par appareil, parce que là moi je me rends compte, là, deux semaines du partiel d’anatomie de l’appareil locomoteur, que si j’avais su, clairement, je l’aurais bossé largement avant et ça m’aurait permis d’arriver au taquet.

Et voilà. Après, ouais, c’est au niveau organisation, en tout cas, sur le plan des cours, je pense qu’il aurait fallu que j’aurais pu améliorer quelques trucs. Mais je ne regrette pas d’avoir bossé quand même un peu à côté parce que là par exemple, justement, en bio-phy, il fallait calculer la décroissance nucléaire dans tout ce qui est scintigraphie, franchement, c’est pas mal du tout d’avoir quand même bossé un peu de bio-phy parce que du coup, on comprend quelques formules avec lesquelles je n’étais pas du tout à l’aise avant.

Donc là, tu es à trois mois de P2, quelque chose comme ça. Est-ce que tu peux nous faire un petit peu un retour sur le début de ton année ? Comment ça se passe ? Quels sont un peu les spécificités de la faculté de Limoges ? Est-ce que ça te plaît, tout ça ?

Ça va être un peu dense. Du coup, j’ai commencé le 21 août par le stage infirmier. Stage infirmier qui est en deux semaines complètes plus deux semaines en demi-journée. Et j’étais en chir urologique, ça a été un stage génial. Alors en fait, on trouve ça bizarre que les infirmiers aient à faire un stage infirmier, mais moi, je pense que c’est nécessaire parce que déjà, en fait, j’avais jamais fait de chir de ma vie. J’avais fait que de l’urgence et de la réa et toute cette partie-là. Donc du coup, ça m’a permis de découvrir la chir. En plus, ça m’a permis de découvrir le CHU qui sera le CHU dans lequel je vais être pendant cinq ans. Donc du coup, de connaître les spécificités, où se trouve le laboratoire, à quel étage se trouve tel service,par quel endroit on rentre, à quel endroit on se change, où sont les vestiaires, enfin, c’est tous les trucs tout bêtes. Mais… T’es content, je pense, quand t’arrives à l’externat, de pas être complètement dépaysé déjà que t’arrives en temps qu’externe. Donc je pense que dans le futur, ça va beaucoup m’aider d’avoir fait ce stage.

Après, finalement, le stage a pas été tant avec les infirmiers que ça. Alors peut-être parce que j’étais paramed avant, mais même mes collègues ont pas été tant avec les infirmiers que ça : on a beaucoup été positionnés aux consults et aux blocs. Donc on a fait pas mal de consults vachement diverses, que ça soit toute la partie endoscopie, toute la partie consultation suivie sur les cancers de la prostate. Le médecin m’a proposé de faire des TR, enfin, toucher rectal, donc des trucs que j’avais jamais fait de ma vie. Et au final, je me dis, ça, c’est cool, parce que pour la sémio, ça va quand même un peu m’aider. Ils proposent d’ausculter, ils proposent… Enfin, franchement, c’est vraiment top.

Et après, il y a eu toute la partie bloc, où là, j’ai vu des trucs… Je pense que sauf si je retourne dans ce service-là, j’aurai sans doute rarement l’occasion de le revoir dans ma vie, vu que je vise pas une spé chir. J’ai vu une vaginoplastie, par exemple, chez des personnes trans, le fait d’avoir une personne qui rentre dans la salle avec un pénis et qui en ressort avec un néovagin et avec tous les attributs féminins, c’est assez impressionnant quand même comme chirurgie. C’est une chirurgie très longue, alors c’est sûr que c’est 6 heures, mais n’empêche que c’était très impressionnant. Après, il y a eu tout l’aspect contact avec le milieu du bloc, que je connaissais pas aussi avec les IADE, les IBODE. Et en fait, si on montre un minimum d’intérêt à leur métier, globalement, elles ont envie de faire faire les choses. J’ai eu la chance d’être habillé en stérile. Les docs nous faisaient injecter les médicaments. Enfin, bien sûr, c’est eux qui les préparaient, ils vérifiaient les doses et tout ça. Et donc, du coup, ça a été vraiment chouette comme expérience. Ça m’a vachement préparé aussi à ce qu’on pouvait attendre de moi plus tard en tant qu’externe, parce qu’on a eu la chance de croiser des externes, des internes. Et du coup, en fait, ça permet aussi de se projeter. Donc finalement, je trouve que ça a été une grosse richesse.

Donc ça, c’est la partie stage, après, le septembre je suis rentré en cours. Et alors là, par contre, lâché en pleine nature, les seules études que j’ai faites, c’était en IFSI, dans un tout petit IFSI très familial, très cocon. Et d’un coup, on est lâché en pleine nature. On est au milieu de 180 élèves, enfin 180 étudiants, et c’est vrai que de se retrouver complètement lâché dans la nature, je me suis dit directement, je crois, le premier soir, il va falloir une discipline. Il va falloir être vachement discipliné. Il va falloir réviser, à chaque fois qu’un nouveau cours tombe, il faut le ficher et tout ça. Ça a été vraiment ce à quoi j’ai essayé de m’astreindre. Vu que nos cours, ils sont organisés… en gros le matin, on n’a pas cours, sauf TD. Et les cours magistraux sont toujours après-midi. Du coup, j’essaye le matin de relire les cours de la veille pour les ancrer un petit peu. Et puis après, j’essaye de retourner sur ce cours un peu au fur et à mesure, un peu comme la méthode des J, on espace au fur et à mesure des relectures.

Après, qu’est-ce qu’il y a eu d’autre ? C’est vrai qu’il y a aussi toute la partie, on va dire, intégration dans la promo. Alors pour le coup, moi, c’est vrai que j’ai toujours été dans l’associatif et j’ai toujours aimé le côté off des études. Donc des soirées et tout ça, machin, donc j’ai fait les deux week-ends d’inté, celui commun à toutes les études de santé et celui spécifiquement médecine. Parce que je voulais vraiment rencontrer les personnes avec qui j’allais passer cinq ans, même si effectivement, il y avait un décalage d’âge : j’ai 33 ans, les plus jeunes en avaient 18. Mais c’est vrai que j’ai trouvé ça cool, déjà de se mettre à leur hauteur parce que moi, clairement, ils m’impressionnent d’avoir sacrifié une à deux années de leur vie à bosser comme des malades pour réussir à avoir une chance sur douze d’intégrer les études de médecine, je trouvais ça impressionnant. Et puis, je pense qu’on a pas mal à s’apporter parce qu’eux m’ont apporté un peu leur technique de méthodologie de travail, et moi, plus les connaissances concrètes de l’infirmier en service. Et c’est vrai que du coup, ça, c’est vachement cool.

Et puis, il faut se dire, je trouve que ces personnes-là, sauf si vous changez complètement de territoire, mais sinon, c’est des personnes à qui, possiblement, vous allez peut-être demander des avis plus tard quand vous allez exercer. Et je pense que soit vous allez être la personne qui n’a pas voulu s’intégrer et qui est restée dans son coin pendant cinq ans, soit vous allez être la personne à qui ils se sont bien entendus. Et du coup, le contact sera complètement différent plus tard, dans le futur, en tant que professionnel de santé si vous connaissez déjà la personne ou si, au contraire, vous la connaissez pas ou vous avez jamais voulu la connaître. Mais après, c’est que mon point de vue perso, mais je trouve que les passerelliers, en tout cas de ma promo, se sont vachement mis dans leur coin et avec peu d’ouverture au final sur la promotion et avec parfois un peu des jugements, parfois un peu hâtifs. Mais c’est que mon point de vue. Mais je trouve ça un peu dommage parfois de passer à côté de rencontres alors que c’est des jeunes qui parfois sont vachement matures, vachement dynamiques, vachement motivés par plein de trucs, vachement intéressés par plein de choses et que je pense qu’ils ont beaucoup de choses… On a beaucoup de choses à s’apporter mutuellement.

Tu en avais parlé un petit peu, c’est vrai qu’il y a des préjugés sur la formation d’infirmiers, notamment sur la difficulté académique qui est jugée finalement pas très difficile, là où les études de médecine au contraire sont jugées comme certaines des plus difficiles, si ce n’est les plus difficiles dans le parcours académique français. Comment est-ce qu’on arrive quand on est infirmier… Est-ce que c’est difficile de reprendre médecine ? Est-ce que c’est difficile d’être confronté à ces cours très fondamentaux, très intenses ? De devoir faire du par cœur, etc. ?

Je pense qu’effectivement, là tu vois quand je te parlais de discipline, je pense que c’est possible, mais par contre il ne faut pas arriver en se disant « Ouais parce que j’ai déjà été à l’hôpital, je connais déjà tout ». Il faut vraiment potasser. Je pense que le souci qu’on a à nos âges, c’est qu’on a peut-être moins de facilité à faire du par cœur, on a plus besoin de comprendre. Je pense que par contre ça aidera pour plus tard aussi, peut-être que je me trompe et c’est là pour le coup c’est toi qui vas pouvoir infirmer ou confirmer, mais je pense que le fait de comprendre déjà dès la P2, ce qu’on apprend, je pense que ça aide plus tard à comprendre justement les collèges, la physiopatho et tout ça. Tu m’arrêtes ainsi, je dis une bêtise.

– Pas du tout.

– Je pense que le fait de comprendre va prendre plus de temps que tous les jeunes avec lesquels je suis qui ont 18-19 ans, qui ont bouffé du par cœur, il n’y a pas de problème. Ils vont bouffer des annales non-stop, non-stop, non-stop, et puis en fait ils vont tout restituer. Moi j’ai vachement de mal avec ça, donc ça me prend plus de temps d’apprendre, mais en même temps je suis vachement content après quand j’arrive à restituer tout mon cours, quand j’arrive à le mettre en pratique. Au moment des ateliers de sémio, on a pas mal d’ateliers sémio à Limoges, au moment de l’atelier sémio j’arrive à restituer à peu près toutes mes connaissances et de manière assez fluide et en faisant les liens, donc ça je suis assez content. Après c’est sûr que là on est à deux semaines des partiels et clairement je ne suis pas bien, je me dis qu’il y a encore énormément de choses à apprendre, mais en même temps c’est aussi ça le jeu, il va falloir de toute façon toujours s’améliorer, améliorer sa méthodologie de travail, ça c’est évident.

Est-ce que tu peux nous parler du coup un petit peu de ta de ta méthodologie de travail ?

J’avoue qu’au début je suis arrivé juste en me disant on va essayer de copier un peu la méthode des J, mais en espaçant peut-être un peu plus. Donc la méthode des J qui est le fait de prendre un cours à un moment donné, de le relire un tout petit peu après et après d’espacer les intervalles de lecture. Et puis finalement en fait je me suis rendu compte que chaque matière avait des besoins spécifiques, en tout cas pour moi. Par exemple je sais que l’anat, je vais avoir besoin de dessiner des schémas, de faire des schémas et c’est comme ça que je vais réussir à apprendre et en plus je suis complètement nul en dessin, mais au moins c’est bien, je vais avoir une autre compétence encore. Après par exemple sur des matières qui sont réputées comme étant des matières basées beaucoup sur les annales, je vais faire des fiches en kit de questions où je vais les bosser tous les jours, je vais faire une vingtaine, trentaine de questions. Et après sur d’autres matières encore, je vais faire plus des cartes mentales. En fait l’objectif est d’avoir une idée centrale et après d’avoir toutes ses déclinaisons. Ça va vraiment dépendre en fait du type de matière.

Après je pense qu’après il va falloir un moment se fixer des limites parce que pour le moment l’avantage de la P2, elle est réputée comme étant plus light que d’autres années. Pour le moment vu que j’ai le temps, j’essaie de prévoir quelle méthode me correspond mieux. Je suis encore dans la recherche des méthodes et puis je pense que c’est des partiels qui me permettront de me dire ok là t’es dans le bon ou au contraire il va falloir tout refaire, il va falloir tout reprendre.

Alors on a commencé à en parler un petit peu, mais j’aimerais aussi avoir un petit peu ton avis sur la fac de Limoges. Déjà est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu comment s’organisent les enseignements en P2, en D1 et puis peut-être sur le deuxième cycle si tu sais. Quand est-ce que sont les stages, les choses un petit peu pratiques ?

Alors côté pratique en P2, il y a deux stages. Donc le stage infirmier qui est de quatre semaines et un stage paraclinique de deux semaines en demi-journée. Le stage paraclinique en gros c’est labo, radio, médecine nucléaire et tout ça. Au niveau après de la D1, pareil, il y a des stages qui s’appellent des stages de sémiologie qui en gros sont des stages où on apprend à ausculter le patient. Donc ça c’est pour la partie stage.

Après la partie organisation des cours, ça va être par appareil. Donc là je sais que, au S1 on va avoir tout ce qui est matière fondamentale, biopathologie, moyens d’exploration. On va avoir aussi tout ce qui est pharmaco qui va être assez dense. Enfin c’est assez riche. Après c’est vrai que d’année en année ça change. Au S2 on va être plus sur tout ce qui est urgence, réanimation. Après on a un gros bloc avec l’appareil digestif, l’appareil respiratoire, l’appareil cardiovasculaire. Donc ça c’est le gros gros bloc du S2. En fait après on continue au fur et à mesure des appareils, avec tout ce qui est infectio-immunos, l’appareil urinaire, tout ça, qui est étalé sur toutes ces années là.

L’avantage c’est qu’ils essayent de faire rentrer au fur et à mesure Donc ce que je disais tout à l’heure, les collèges dans les enseignements. Donc du coup ça fait plutôt le lien après avec la DFASM, puisque maintenant il faut savoir qu’il n’y a plus que deux ans pour se préparer aux EDN qui sont des examens de l’internat. Il y a quand même un style de fusion qui est en train de s’opérer pour essayer d’avoir des enseignements sur le long terme, et vraiment de faire le lien, de ne pas avoir deux secteurs complètement séparés.

Au second cycle, donc en DFASM, je sais que l’organisation des stages c’est des stages à temps complet, puis après des cours à temps complet. Donc il va y avoir six semaines de stage pour six semaines de cours. Et c’est vraiment des rythmes très denses, où en fait pendant les stages ils vont fixer des objectifs de révision des collèges, qu’il va falloir apprendre en parallèle de ces stages. Et puis après en fait pendant les six semaines de cours ça va être du tutorat beaucoup, pour restituer toutes les connaissances apprises dans les collèges, et avec un contrôle continu permanent, qui compte je crois pour 50% de la note des partiels au moment de la DFASM. C’est assez dense. Mais tous disent que de toute façon il y a un vrai virage entre la DFGSM qui est réputée comme plutôt light, et la DFASM où clairement il n’y a plus trop trop de vie extérieure.

Et donc au niveau de l’ambiance de promo en elle-même et puis de la bienveillance de l’encadrement, qu’est-ce que tu en penses vis-à-vis de ta fac ?

Alors moi je l’avais noté dans la lettre de motivation déjà, mais je visais vraiment cette faculté aussi pour le côté à taille humaine et familiale. Il y avait vraiment ce côté petite promo, petite fac, un CHU qui n’est pas grand. Et c’est vrai que du coup on le ressent vachement dans la proximité avec les enseignants. Les amphis ils font genre peut-être 200-250 places max, et encore les trois quarts du temps on est 50. Les enseignants posent des questions facilement, il y a quand même une interaction même pendant les cours magistraux, donc ça c’est quand même le côté très cool.

Après au niveau ambiance de promo, Je trouve que l’ambiance est bonne. Alors comme d’habitude il y a toujours des petits réglages à faire, mais l’ambiance de promo est bonne. Il n’y a pas de challenge entre les gens. Je pense que la PASS est derrière eux et ça y est ils ne sont plus en combat entre eux, il y a vraiment ce côté assez entre aide. On a un système de ronéos mais pas payant, pas comme dans les grosses facs. On met à jour les cours qui ont été donnés, globalement ils sont à peu près similaires d’année en année, mais il y a toujours des améliorations qui ont été faites, donc voilà on donne les changements de l’année. On s’échange même les conseils par exemple : on sait que tel prof, il y a tel truc qui tient bien à coeur : quand on a fait une PASS on le sait quand on n’a pas fait de PASS on ne le sait pas, du coup c’est cool que parfois les étudiants nous le disent.

Il y a le côté aussi extra-cours où du coup il y a un bon investissement de la promo, je crois que sur 180 on doit être une soixantaine dans l’association médecine qui organise les soirées qui organise les week-ends d’inté, donc ouais c’est quand même une bonne ambiance aussi extra scolaire qui est cool. Moi je ne connaissais personne à Limoges et je suis assez content d’être tombé dans cette asso.

Est-ce que tu peux nous parler aussi un petit peu de comment on organise sa vie de famille autour des études de médecine, particulièrement quand on est passerellien et qu’on a un âge un petit peu plus avancé si je puis dire, que ceux qui sortent de PACES, c’est donc forcément des contraintes qui peuvent aller avec ?

L’organisation personnelle, elle a été dure à trouver au début. Si tu veux, j’ai appris mon résultat d’admission, si je ne dis pas de bêtises, le 30 juin, et il fallait que le 21 août, je sois à Limoges. Donc ça, ça a été vraiment chaud, parce qu’il fallait trouver la maison, commencer à déménager des trucs. J’ai fait des allers-retours permanents parce qu’on avait une maison dans le sud-ouest et du coup, il fallait déménager tout sur Limoges. Donc oui, ça a été très, très dense. Ça a été un mois et demi très, très intense de déménagement.

En plus de ça, j’avais quand même mon boulot puisque j’ai arrêté le boulot que le 8 août. Donc ça, ça avait été très, très dur à se caler. J’ai eu une chance énorme d’avoir une femme qui m’a soutenu dès le premier jour sur ce projet Et même qui me soutient. Tu vois, si je peux bosser, réviser, tout ça, machin, sans avoir trop à penser à plein de choses c’est clairement grâce à elle. Donc franchement, là-dessus, c’est juste ouf. Mais c’est vrai que ça a été très dense pour se caler. Après, elle, en plus, a fait une mutation, elle vient seulement d’arriver il y a deux semaines sur le CHU, donc, il fallait le temps qu’elle mute, elle aussi, pour venir à Limoges donc il a fallu passer un peu de temps à distance, essayer de se retrouver le week-end. Parfois, c’est elle qui montait, parfois, c’est moi qui descendais, c’était un peu dur à caler, mais après, elle est vachement heureuse pour moi. Je suis heureux de rentrer à la maison l’avantage, c’est qu’elle est infirmière donc du coup, quand je lui dis un peu ce que j’ai appris, globalement, ça lui parle, c’est mon partenaire d’auscultation, par exemple, sur l’appareil locomoteur, je passe ma vie à manipuler son bras, ses muscles, ses biceps, ses trucs, ses machins, parce que ça me fait un apprentissage tactile.

Et puis voilà, c’est quand même top, mais c’est vrai que parfois, il faut quand même se caler il faut s’aménager, je pense, des temps de couple. Tu vois, par exemple, hier soir, j’ai dit, bon, là, maintenant, stop les révisions, elle vient de rentrer du boulot, on va passer deux-trois heures ensemble, même si c’est juste pour se poser, mais au moins, on est posés un peu tous les deux, parce que je pense qu’il faut quand même trouver un équilibre entre les études et le couple, qui peut être dur parfois à trouver. Je l’ai vu avec d’autres passerelliens, on en discutait, je ne veux pas dire de bêtises, mais je crois que c’est 50% de taux de séparation, donc je pense qu’il faut vraiment faire gaffe à l’autre. Même si les études sont très prenantes, il faut quand même faire gaffe à l’autre.

Et alors, pareil, on en a déjà un petit peu discuté, mais je voulais savoir comment s’était passée l’intégration dans ta promo. En particulier, il me semble que toi, tu organises, ou en tout cas, vous organisez régulièrement des travaux en groupe. Du coup, je voulais savoir un petit peu comment ça s’organisait. Qu’est-ce que ça vous apportait, ce genre de choses-là ?

Je le fais pas mal, alors, pas tant avec les passerelliens, parce qu’au début, on avait commencé un peu avec les passerelliens, mais chacun avait vraiment une méthode de travail très très à elle. Et là, maintenant, le fait d’être avec d’autres personnes de la promo, en gros, on va s’apporter des choses complètement différentes, et c’est vachement cool. Parce que, par exemple, ils vont être super à l’aise avec les matières fondamentales, et moi, je vais être à l’aise plus avec tout ce qui est physio. Par exemple, là, on a tout ce qui est les équilibres acido-basiques, les glycémies, le métabolisme glycémique, et tout ce qui est là où je vais être vachement à l’aise et je vais pouvoir leur expliquer, leur schématiser, et tout ça. Et pendant ce temps-là, eux vont m’apporter tout le côté fondamental, parce que, par exemple, dans la glycémie, ils parlaient plein, plein de fois des acides aminés, et c’est vrai que moi, clairement, ça me parlait sans me parler, et du coup, le fait d’avoir des personnes qui les ont manipulées pendant un an, ça m’a vachement enrichi.

Et pendant ce temps-là, moi, par contre, derrière, je leur parlais de l’acidocétose diabétique et de manière vachement fluide, parce que c’est le quotidien des urgences, et c’est quelque chose qu’on est habitué à voir, à traiter, et à comprendre. Donc du coup, c’est vachement donnant-donnant, et c’est vachement enrichissant. Par contre, ça peut être fait que sur des temps longs, c’est sûr que là, maintenant, on est passés en mode bachotage, là maintenant, chacun est devant son ordi, de temps en temps, on se pose une petite question.

En tout cas, c’est vachement cool, et du coup, même, on se fait des petits groupes WhatsApp et Messenger pour pouvoir se poser des questions facilement, et il y a quand même une bonne entraide, quoi. C’est cool.

Et pour conclure, finalement, même si, encore une fois, on en a déjà un petit peu parlé, est-ce que tu as une idée d’une future spécialité ou de plusieurs futures spécialités qui te font de l’œil ? D’un futur type d’exercice ? C’est vrai que tu nous as parlé d’hospitalier… Comment est-ce que tu te projettes un petit peu dans la suite de ces études, pour l’internat et ce qu’il y a après ?

La suite immédiate, c’est bien faire gaffe à tous les partiels, bien sûr. La suite à moyen terme, ça va être de découvrir quand même d’autres spécialités. Je vais quand même m’ouvrir vachement sur les autres spés. Mais c’est vrai que si, aujourd’hui, on me demandait de faire un choix de spécialité, mon cœur balancerait principalement entre trois trucs. Ça serait soit l’anesth-réa, qui me branche beaucoup sur le côté extrêmement complet, ça touche vraiment à tout, tous les appareils et tout ça, et puis, il y a quand même ce côté très équilibre et très sur le fil que j’aime beaucoup en réanimation, où on sait qu’en touchant un système, ça va aussi en impacter un autre, même si, bien sûr, toutes les spécialités médicales, plus ou moins, ont ça. Mais c’est vrai que je trouve que c’est vraiment plus en anesth-réa…

Le côté urgence, parce que j’y ai toujours été bien et que j’aime beaucoup l’urgence.

Et sinon, la médecine générale me branche quand même pas mal. Parce que là encore, il y a aussi ce côté très complet, où on peut, si on exerce en cab, se retrouver avec un certificat médical d’un enfant pour aller au sport, et puis, juste après, une femme de 85 ans où il faut voir ses problèmes d’hypertension. Et puis, juste après, une personne qui a un carcinome et voir un peu l’accompagnement qu’on peut lui proposer. J’hésite vraiment encore beaucoup. Et je sais que j’attends quand même certains stages, par exemple, la gynéco-méd me plairait aussi pas mal. Donc, j’attends un stage en gynéco pour aussi me prononcer. Ça va vraiment être à voir. Je sais pas encore, mais en tout cas, j’ai hâte.

Eh bien, écoute, merci énormément pour ton temps et pour ton témoignage. C’était très intéressant et je pense que ce sera très enrichissant pour les futurs passerelliens.

Merci à toi pour l’écoute et pour l’idée aussi. Et puis, ça fait du bien de temps en temps de prendre du recul. Prendre un petit recul à 3 mois et d’analyser déjà le chemin parcouru en un an. On est le 29 novembre donc, il y a un an, j’avais même pas encore écrit ma lettre de motivation. Donc, c’est assez ouf, mine de rien.


Publié

dans

par

Étiquettes :

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *