Interview d’Anis

La transcription ci-dessous a été générée automatiquement à partir de l’audio avec OpenAI Whisper, il est possible qu’il reste des coquilles et le langage est par nature très oral.

Sommaire

  1. Présentation
  2. Naissance du projet
  3. Stages et expérience en dentaire
  4. Financement
  5. CESP et spécialités
  6. Choix de la fac de Nice
  7. Préparation du dossier
  8. Préparation de l’oral
  9. Passage à l’oral
  10. Rentrée en dentaire et révisions préalables
  11. Intégration dans la promo et difficulté des études
  12. L’internat en dentaire
  13. Dentaire vs. médecine
  14. Méthode de travail
  15. Une idée pour un futur mode d’exercice ?

Est-ce qu’en premier lieu tu peux te présenter ?

Oui bien sûr, alors je m’appelle Anis, j’ai 25 ans et je suis actuellement en P2 dentaire à Nice, avant ça j’étais en master de gestion des données cliniques et biologiques, et encore avant j’ai obtenu mon bac S en 2017 et j’ai été pendant deux ans en PACES avant d’intégrer une licence de biologie et enfin mon master de gestion de données.

Est-ce que du coup tu peux nous expliquer un petit peu comment est né ton projet ? Est-ce qu’il est né pendant que tu faisais les études que tu viens de nous détailler ? Est-ce qu’il est né un petit peu avant ? Et si jamais il est né un petit peu avant, pourquoi est-ce que tu as choisi dans un premier temps de faire ça plutôt que de faire dentaire directement ?

Alors initialement je savais que je voulais faire quelque chose dans le soin. J’adorais tout ce qui est biologie au lycée et je voulais être utile, donc soigner des patients me paraissait plutôt évident. Et c’est pour ça que je me suis orienté en PACES. J’hésitais beaucoup entre les trois filières, donc médecine dentaire et pharma, plutôt médecine et dentaire parce que c’est ce qui m’intéressait le plus avec le côté patient. Mais comme ça me faisait un peu peur, j’hésitais aussi avec pharma. Au final, je n’étais admis à aucune de ces filières, j’ai donc enchaîné avec la biologie et c’est ensuite pendant mon parcours en biologie que j’ai appris qu’il était possible de faire cette passerelle. Et c’est là que j’ai vraiment réfléchi à la filière qui pouvait le plus m’intéresser. En parallèle, j’ai pu échanger avec des gens et j’ai rencontré ma compagne qui est dentiste, et qui m’a parlé un peu de sa filière, de ce qu’elle faisait à la clinique, et j’ai compris que c’était vraiment ce qui me correspondait, surtout pour l’aspect manuel et puis bien sûr l’aspect médical.

Est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu comment ton projet, il a évolué au fil de tes études ? À quel moment précisément tu t’es rendu compte que tu voulais faire la passerelle ? Et comment est-ce que, pendant que tu continuais par exemple à finir ton master, ça a maturé dans ta tête ?

Alors, j’ai su qu’il était possible de faire cette passerelle quand j’étais en deuxième année de licence, je savais aussi qu’il fallait avoir un diplôme, un master au minimum pour être éligible, mais c’était un peu long, c’était un peu loin, donc j’y réfléchissais sans vraiment le considérer. J’ai laissé passer le temps et j’ai un petit peu oublié. Mais à force de discuter avec ma compagne du coup, je me rendais compte que ça me plaisait énormément et que ce que je faisais était intéressant sans vraiment me passionner. Et je me suis vraiment lancé en septembre 2023, donc l’année dernière, au moment où j’étais éligible.

Donc, tu nous as dit que tu avais ta compagne qui était elle-même chirurgien-dentiste, est-ce qu’à côté de cette expérience, tu as également eu la possibilité d’avoir d’autres expériences avec d’autres professionnels ou éventuellement des échanges ?

Alors oui, initialement, j’ai eu la chance d’avoir une première expérience au collège pour un petit stage d’observation dans le cabinet de ma tante qui est dentiste, et c’est là que j’ai découvert pour la première fois ce métier qui m’a beaucoup intéressé immédiatement. Et ensuite, par contre, j’ai eu la chance d’échanger avec des chirurgiens-dentistes plus récemment, donc l’année dernière par exemple. Et aussi avec des étudiants pour en apprendre plus sur le contenu des études, sur la façon dont les choses s’organisent en cabinet.

En fait, de manière générale, j’ai pu faire des stages supplémentaires et voir un peu comment les choses se passent en cabinet dentaire.

– Les stages supplémentaires que tu as pu faire, c’était déjà dans le processus de faire une passerelle ?

– Exact, c’est ça.

Est-ce qu’avec le recul que tu as maintenant, tu penses que c’est important pour quelqu’un qui n’est pas forcément dans le milieu de la santé d’avoir des stages d’observation avant de demander la passerelle ?

Alors oui, je pense que c’est indispensable pour deux raisons. Premièrement, on ne sait pas vraiment dans quoi on s’engage avant de l’avoir observé, surtout dans des métiers comme la médecine, ou la chirurgie dentaire, où c’est vraiment des métiers très visuels, où on comprend très rapidement ce que c’est après avoir observé des praticiens. Donc oui, c’est très important pour savoir si ça nous correspond réellement.

Ensuite, je pense que c’est important en termes d’arguments lorsqu’on candidate à la passerelle, parce qu’il n’est pas crédible, à mon avis, de demander une filière en prétendant savoir dans quoi on s’engage, si on n’a pas vraiment observé ce que c’était ou si on n’a pas discuté avec des professionnels de ces domaines.

Il y a une problématique qui revient souvent chez les personnes qui veulent faire la passerelle, c’est celle du financement. Est-ce que toi, tu peux nous dire comment est-ce que tu comptes financer tes études ?

Alors personnellement, j’ai beaucoup de chance, j’ai des parents qui me soutiennent énormément dans mes études et qui du coup prennent en charge la majorité de mes frais, en majorité, tout ce qui est frais est lié au logement, à l’alimentation. Et puis, en parallèle, je travaille, donc, je travaille les week-ends pour financer tout ce qui est sorti et dépenses complémentaires.

Donc là, actuellement, tu es en deuxième année de dentaire et tu arrives quand même à continuer à travailler à côté, c’est ça ?

Alors justement, je n’ai pas encore repris le travail parce que j’ai voulu d’abord voir quel était le rythme en deuxième année pour savoir si j’allais être en mesure de travailler.

Je peux dire en tout cas à Nice, que c’est largement faisable. On a le temps de travailler nos cours et on a largement le temps de consacrer 10 à 15 heures de travail par semaine, peut-être les week-ends.

En médecine, je dis ça parce que moi je suis en médecine, on a un dispositif qui s’appelle le CESP, est-ce que tu sais si ça existe aussi en dentaire ?

Alors oui, le dispositif existe en dentaire à partir de la quatrième année, donc à partir de l’année où on entre en clinique. Par contre, il est moins contraignant qu’en médecine : je sais qu’en médecine, la place de CESP peut sauter, après l’internat, il me semble, ce qui n’est pas le cas en dentaire, où la place est assurée, étant donné qu’il n’y a pas de concours.

– En fait, ce qui se passe en médecine, c’est qu’on demande une place avec une spécialité et une région, et ensuite c’est soumis au classement, c’est-à-dire que si tu n’as pas le classement nécessaire, quelqu’un peut entre guillemets prendre ta place, et toi tu dois en trouver une autre. Et donc ce que tu me dis, c’est que ça en dentaire, c’est quelque chose qui n’existe pas.

– Voilà, exact.

Est-ce que vous avez un système de spécialité ?

Oui, il y a un internat en dentaire. Donc on peut choisir entre trois spécialités : la médecine buccodentaire, la chirurgie orale et l’orthodontie. Donc l’orthodontie et la chirurgie orale sont assez évidentes à imaginer. Ensuite, on a la médecine buccodentaire, qui est en gros de l’omnipratique, mais appliquée aux maladies rares et aux patients qui ont des maladies lourdes. Donc c’est une sorte d’approfondissement de notre apprentissage en quatre ans, trois ou quatre ans.

Et donc si vous n’avez pas de concours, comment est-ce que se fait le choix des spécialités ?

Alors justement, je ne l’ai pas précisé, mais cette spécialisation, elle n’est pas obligatoire. On a le choix de s’arrêter au bout des six ans d’études et d’être ce qu’on appelle omnipraticien. Par contre, il y a un concours à passer pour accéder à cet internat qui est assez similaire au final à celui en médecine. C’est un concours national.

– Donc c’est un peu un système un peu similaire à celui de pharma finalement, où on peut choisir soit de faire un internat et de rentrer dans les spécialités internat, soit de rester sur les spécialités, en l’occurrence la spécialité, sans internat.

– Tout à fait.

– Et alors, une précision, si jamais il y en a que ça s’intéresse, l’internat de chirurgie orale, pour le coup, est commun avec médecine.

– Oui.

Quand tu ouvres un poste CESP en dentaire, tu demandes une spécialité particulière ou pas forcément ?

Alors, justement, on n’est pas obligé de faire l’internat lorsqu’on demande un CESP en dentaire. On peut choisir de s’arrêter aux 6 ans et dans ce cas, on doit rembourser l’équivalent de 2 ans, donc de 3 ans plutôt, donc de la 4e année, de la 5e année et de la 6e année d’études.

Donc, tu as 3 ans où tu dois exercer dans une zone sous-dotée. Et donc, si jamais tu fais ouvrir une place par exemple en orthodontie et que tu ne l’as pas au concours, est-ce que tu as quand même un système pour pouvoir rebasculer, des choses comme ça, peut-être que tu ne sais pas ?

Je ne sais pas si au moment où on demande le CESP, il faut préciser si on s’oriente plus vers de l’omnipratique ou vers l’internat.

Est-ce que toi, le CESP, c’est quelque chose que tu as considéré ou pas forcément ?

Alors, c’est quelque chose que j’ai considéré surtout pour aider mes parents et les alléger de la charge financière, mais dans l’immédiat, ça ne semble pas être un problème, donc ce n’est pas quelque chose auquel je pense sérieusement, voilà.

Donc, toi, ensuite, tu as choisi de présenter ta candidature à la fac de Nice, est-ce que tu peux nous dire pourquoi est-ce que tu as choisi Nice ?

Alors, c’est simple, j’ai effectué tout mon parcours à Nice, donc depuis la PACES, en passant par la licence et puis par le master.

Ensuite, tu as préparé ton dossier, quand on a un profil qui est un petit peu similaire au tien, et quand on écrit son dossier, pour toi, c’est quoi les éléments les plus importants à mettre en avant ?

Alors, dans mon cas, étant donné que je n’étais pas dans le domaine médical à proprement dit, je pense qu’il était important de montrer que je savais dans quoi je m’engageais, en particulier dans l’aspect relationnel avec le patient. Alors, j’avais la chance d’être dans le domaine scientifique, donc c’est un aspect que je n’avais pas à… enfin, je n’avais pas à faire mes preuves dans cette partie, mais… Il était important de montrer à travers les stages que j’ai effectués que je savais que c’était quelque chose qui pouvait me plaire.

Donc, ce que tu me dis, c’est que comme, effectivement, tu as un profil M2 scientifique, pour toi, l’aspect démontrer, on va dire, les capacités à suivre, ce n’est peut-être pas prioritaire parce que, finalement, le cursus part un peu de lui-même ?

Alors, pas nécessairement les capacités à suivre parce que je pense que ça implique aussi tout ce qui est résultat, au cours du parcours, mais plus dans tout ce qui est acquis en termes de connaissances. Je pense qu’il est plus facile de montrer qu’on a les bases nécessaires pour entreprendre immédiatement à partir de la deuxième année quand on a un parcours scientifique. Et donc, comme je le disais, c’était important d’appuyer surtout sur l’aspect relationnel étant donné que c’est quelque chose que je n’ai jamais vu.

Donc, toi, tu es rentré en deuxième année sachant que quand on demande la passerelle, il y a la possibilité à la discrétion du jury de rentrer en deuxième ou troisième année, est-ce que toi, tu avais demandé quelque chose en particulier ?

Alors, je savais qu’à Nice, il n’était en réalité pas possible d’entrer en troisième année, surtout en dentaire. Donc, tous les candidats étaient admis automatiquement en deuxième année et je pense que si j’avais demandé quelque chose, j’aurais demandé la deuxième année parce qu’il me paraissait, premièrement, assez difficile à mon avis de passer immédiatement en troisième année sans pouvoir rattraper tout le côté pratique, qui est assez conséquent étant donné qu’on a en moyenne six heures de TP par semaine.

Et puis, j’avais peur que ça soit considéré comme irresponsable ou j’avais peur que ça montre que le jury pense que je n’étais pas sérieux dans ma démarche si je demandais de passer en troisième année. Donc, au final, ce n’était pas plus mal que je passe en deuxième année.

Est-ce que toi, tu as eu la possibilité d’avoir des relectures de ton dossier et si oui, est-ce que c’est quelque chose que tu conseilles ou pas forcément ?

Alors oui, j’ai eu des relectures de proches, de ma compagne et puis des dentistes auprès desquels j’ai fait mes stages. Aussi, j’ai eu la chance d’être en contact avec un admis à Nice en dentaire qui a relu ma lettre. Et je pense que c’est très utile, très, très important parce que premièrement, on peut avoir des opinions, des avis très différents en fonction du profil de la personne qui relit. Cette personne peut donner des commentaires qui sont très précieux parce que ça peut être des choses qu’on n’a pas forcément remarquées. Quand on est scientifique et qu’on n’est pas forcément du domaine, certaines choses peuvent nous échapper. Et c’est plutôt utile d’avoir l’avis de profils très différents.

Et je pense que les personnes qui m’ont le plus apporté au niveau de la lettre, c’est surtout les admis, parce qu’ils savent exactement, ou plus ou moins, ce qui est attendu du jury et les éléments qui peuvent, peut-être, poser problème.

On va avancer un petit peu dans la chronologie. Donc toi, ensuite, ton dossier il a été accepté, et donc tu es devenu admissible. La deuxième étape, c’est l’oral. Comment est-ce que tu t’es préparé à cet oral ?

Alors pour l’oral, je savais qu’à Nice, l’intervalle de temps entre l’admissibilité et puis l’oral était très court en général. Il a été d’une semaine dans mon cas. Alors du coup, je me suis préparé très à l’avance. Donc environ deux semaines après avoir envoyé mon dossier écrit, j’ai commencé à me préparer. Donc j’ai repris les points principaux de ma lettre et j’ai essayé de retravailler le tout de façon à ce que ça soit un petit peu différent, que les éléments essentiels soient les mêmes bien sûr, mais que ça ne ressemble pas simplement à une répétition de ma lettre. Et j’ai donc beaucoup travaillé sur la forme plus que le contenu étant donné que les arguments étaient les mêmes. Et j’ai fait beaucoup de recherches sur internet, j’ai regardé beaucoup de vidéos d’étudiants qui présentaient leur filière, de dentistes qui parlaient de leur métier pour être sûr d’avoir les bons termes, les bonnes tournures de phrases peut-être.

Et en parallèle, j’ai découvert le Discord sur lequel j’ai épluché absolument tous les témoignages. Et je pense que c’est important de passer par cette étape de recherche parce que ça permet ensuite d’être beaucoup plus à l’aise avec ce qu’on a envie de dire.

Qu’est ce que toi tu penses de la question d’apprendre ou non son oral par cœur pour pouvoir le réciter ou en tout cas le redire devant le jury ?

Alors j’ai personnellement décidé de l’apprendre par cœur parce que je savais que c’était un exercice qui était assez stressant pour moi, assez déstabilisant et je voulais être sûr de faire passer tous les arguments que j’avais. En parallèle je pense que ça peut être c’est quelque chose d’intéressant d’apprendre par cœur parce que ça permet de se concentrer sur d’autres d’autres d’autres éléments durant l’oral, comme la gestuelle l’articulation, le ton. Alors on peut très bien le faire sans apprendre par cœur, ça dépend du niveau d’aisance à l’oral de la personne.

À Nice par exemple on a cinq minutes de présentation et je pense qu’il est assez risqué si on n’est pas très à l’aise à l’oral par exemple de ne pas tout préparer peut-être par cœur parce qu’on risque très facilement de d’oublier ce qu’on a à dire et on a très peu de marge d’erreur.

Alors toi tu t’es aussi beaucoup impliqué pour faire passer des oraux blancs aux candidats qui t’ont suivi, puisque tu es passé assez rapidement finalement dans la chronologie de l’année. Est ce que avec cette expérience tu pourrais donner un peu des conseils aux candidats ? Est ce que tu as des choses, des erreurs qui revenaient régulièrement par exemple ?

Alors je pense immédiatement à deux erreurs qui étaient assez communes. Premièrement c’est la gestion du temps, j’ai remarqué que certains candidats, à cause du stress, prenaient plus de temps : parfois une minute, une minute trente de plus. Et ça reste un entraînement, donc c’est pas très grave, mais c’est quelque chose auquel il faut faire très attention, parce que le jury ne sera pas aussi patient.

Ensuite la deuxième erreur, qui concerne plus le contenu, et un petit peu la forme, c’est la façon dont la détermination des candidats était présentée. Je pense qu’il faut faire attention à à la façon dont le jury va interpréter notre présentation. Ce que je veux dire par là, c’est que j’ai remarqué que certains candidats étaient très enthousiastes, ce qui est une bonne chose, mais négliger un peu les arguments concrets pour de l’émotionnel, je pense qu’il faut faire attention à ça parce que le jury en général, comme tu l’as dit dans ta vidéo sur la lettre de motivation, n’a pas vraiment de cœur et n’est pas là pour faire des faveurs. Donc je pense qu’il faut vraiment se concentrer sur le concret sur sur les arguments qu’on a et faire attention à ne pas se perdre dans l’enthousiasme qu’on a à l’idée de rejoindre la filière qu’on souhaite.

Je reviens un petit peu sur le premier élément que tu mentionnais, à savoir le temps qui est parfois un peu long. On dit souvent qu’il faut se mettre une marge de 15 à 20 secondes avant la fin disons, qu’on doit finir son oral à peu près 15 à 20 secondes avant la fin pour se laisser une marge en cas de stress ou en cas de trou au cours de la présentation. Qu’est-ce que toi tu penses de cette marge ?

Je suis complètement, d’accord c’est ce que j’ai fait personnellement : je me suis laissé une marge de 15 secondes que j’arrivais à respecter lors de mes entraînements. Alors il se trouve que c’était pas vraiment un problème dans mon cas parce que j’ai tendance à parler plus vite sous le coup du stress et il me semble que j’ai finalement parlé pendant 4 minutes 20 pendant le vrai oral. Donc ça dépend des personnes en fait, je pense qu’il faut adapter cette marge à sa propre sensibilité.

Ça c’était pour la préparation de l’oral, ensuite tu as passé l’oral. Est-ce que tu peux nous dire quel est le format à Nice ?

C’est 5 minutes de présentation et 5 minutes de questions-réponses, c’est très rapide et en général le temps de chaque candidat est respectée à la minute près.

Au final c’est le format le plus répandu même s’il y a des facs qui font des choses un peu différentes. Est-ce que les oraux sont communs entre les filières ? Et du coup combien est-ce qu’il y a de membres de jury ?

Alors oui, le jury est commun entre les filières. Et du coup combien est-ce qu’il y a de membres de jury commun à tous les oraux ? Il me semble qu’il y en avait 8, 9 au total ; 3 personnes pour chaque filière à Nice, donc 3 médecines, 3 dentaires et 3 sages-femmes, avec bien sûr le jury de chaque filière au centre de la pièce au moment de la présentation.

Quelles impressions t’ont laissé ce jury ? Est-ce qu’ils étaient plutôt neutres, plutôt bienveillants, plutôt à essayer de faire des pièges ?

Pendant la présentation le jury était plutôt neutre de manière générale, sauf pour la doyenne dentaire qui est toujours très très souriante ce qui est très rassurant du coup et ce qui motive beaucoup pendant l’oral, surtout dans les moments de doute. Par contre, pendant les questions je n’ai pas eu l’impression qu’ils essayaient de piéger, j’ai plutôt eu l’impression qu’ils étaient curieux qu’ils voulaient en savoir plus sur ce que je prévoyais à l’avenir. Alors peut-être que c’était parce qu’ils avaient déjà pris leur décision et qu’ils voulaient en savoir plus, c’est difficile à dire, en tout cas je trouve qu’ils ont été très bienveillants, en particulier durant la session questions-réponses.

C’est très intéressant ce que tu dis parce qu’on a eu plusieurs témoignages d’admis ou de candidats qui pensent que la décision est déjà plus ou moins prise avant l’oral et au contraire certains qui pensent que ce n’est pas le cas. Est-ce que toi tu as une idée là-dessus ou pas trop ?

Alors j’ai pas d’éléments factuels par contre c’est vrai que je suis ressorti de cette présentation très très positif et même pendant les questions-réponses, on s’attend en général à des questions un peu corsées, à des petits pièges à droite à gauche, mais non j’ai eu plutôt des questions faciles auxquelles je m’étais préparé bien à l’avance et j’ai, comme j’avais dit, j’avais plutôt l’impression qu’ils étaient curieux, qu’ils voulaient en savoir un peu plus.

Est-ce que tu peux nous dire quelle question tu as eu et ce que tu as apporté comme réponse ?

Alors j’ai eu une première question sur l’université où j’ai fait mon parcours, il y a eu une sorte de confusion où le jury a pensé que je venais de Montpellier alors que j’avais fait tout mon parcours à Nice. Ensuite j’ai eu une question sur le financement, donc j’en ai parlé pendant mon oral rapidement, mais ils ont voulu confirmer que c’était bien solide, que j’avais bien pris en compte ce paramètre, ce que je conseille d’ailleurs. Il ne faut pas le négliger. Ensuite j’ai eu une question sur ce que j’envisageais comme pratique à l’avenir donc après avoir été diplômé, et donc je peux vous dire tout simplement que ce que j’envisageais c’était de l’omnipratique essentiellement. Ce qui m’intéressait c’était surtout de prendre en charge des patients de tout âge et surtout de les prendre en charge de A à Z, donc pour tous les problèmes buccodentaires qui pouvaient se présenter.

– Et donc tu nous as dit qu’effectivement en sortant tes impressions étaient plutôt très positives ?

– Oui tout à fait.

Après tu as été admis, félicitations. Est-ce que tu peux nous dire comment est-ce que tu as préparé ta rentrée, et notamment quelles sont pour toi les révisions nécessaires quand on rentre en deuxième année de dentaire à Nice ?

Alors pour ce qui est des révisions nécessaires, ça dépend aussi du parcours de chacun. Dans mon cas j’avais un parcours scientifique donc j’ai pas vraiment eu à revoir tout ce qui est biologie fondamentale, donc biologie cellulaire, biologie moléculaire… Par contre j’ai beaucoup travaillé les cours de première année de dentaire, les cours de spécialité. Je sais pas si c’est le cas dans toutes les facs, mais il y avait un gros bloc dentaire qui était considéré comme acquis à la rentrée et j’ai revu tout ce qui est embryologie et physiologie. Alors finalement ça ne m’a pas été très très utile, c’est surtout les cours de dentaire qui étaient importants à revoir. Mais je conseille dans tous les cas d’au minimum feuilleter les cours de première année pour ne pas être perdu en arrivant à la rentrée.

Et dans les cours de première année est-ce que pour toi les candidats doivent aussi regarder les cours d’anatomie un petit peu générale ou est-ce que c’est suffisant de se focaliser sur la sphère buccodentaire, oropharyngée, etc. ?

Alors à Nice justement ils se concentrent beaucoup sur la partie anatomie tête et cou et pas autre chose donc je pense pas que ça soit nécessaire d’explorer le reste de l’anatomie du corps, mais bien revoir l’anatomie tête et cou, bien revoir l’anatomie dentaire aussi.

Et donc tu nous as dit aussi que toi tu n’avais pas eu besoin de réviser des choses fondamentales comme la biochimie, la biologie cellulaire. Est-ce que c’est des choses dont tu as eu besoin quand même une fois rentré en deuxième année ?

Alors, oui, j’en ai eu besoin, je le remarque pas forcément, mais j’imagine qu’un profil littéraire peut très rapidement se retrouver un peu déstabilisé lorsqu’on commence à parler d’histologie, de cellules, de tissus, donc c’est vrai qu’il y a toute une fondation à avoir en biologie pour arriver à comprendre les éléments un peu plus complexes.

– D’accord, des notions de P1 on va dire à avoir pour pouvoir suivre.

– Exact.

Donc là actuellement, tu es à deux mois de deuxième année, quelque chose comme ça ? Comment ça se passe avec ce recul ?

Alors pour le coup, je ne suis pas déçu. Ça se passe vraiment très très bien, je trouve qu’on a une super fac à Nice, qu’on a un corps enseignant vraiment dévoué. Il y a beaucoup de bienveillance chez les professeurs et même dans la promotion de manière générale. Il y a une petite promo de 56 étudiants et tout le monde s’entend très bien. Alors je suppose que c’est promo dépendant, mais pour le coup j’aime beaucoup cette ambiance très familiale et d’un autre côté, au niveau des cours, le rythme est plutôt léger. Donc comme je l’avais dit plus tôt, il est complètement possible de travailler à côté, par exemple. Et il y a une autre bonne chose, c’est qu’on a des examens régulièrement, un contrôle continu chaque semaine qui permet d’être à jour au niveau des cours.

Donc je reviens un petit peu sur ce que tu m’as dit, tu m’as parlé de l’ambiance dans la promo, est-ce que toi qui donc est forcément un petit peu plus âgé que tes camarades t’as réussi à t’intégrer malgré tout sans problème ?

Alors oui, j’ai été surpris de voir que au final il n’y avait pas beaucoup de différence entre les passereliens et les autres étudiants. On se fond très facilement dans la masse et même si au début la différence d’âge se faisait un petit peu voir, actuellement on est tous très très bien intégrés. D’ailleurs, la majorité des passereliens on est tous plus ou moins amis dans le même groupe. Donc oui oui, ça se passe très bien au niveau de l’intégration.

– Vous êtes combien de passerelliens dans la promo ?

– On est 5.

Tu nous as dit que pour l’instant le rythme était tranquille. Donc t’as pas vraiment ressenti de difficulté sur le plan vraiment académique ?

Non, sur le plan académique je trouve d’ailleurs que c’était un peu plus chargé en licence de biologie. Mais il faut faire attention parce qu’on m’a prévenu que le rythme montait en puissance très vite à partir de la 3ème année, donc je pense qu’il ne faut pas se laisser avoir par la facilité du début de la P2.

J’anticipe peut-être un peu, peut-être que tu sais pas encore, mais vous vous avez un concours que vous n’êtes pas obligé de passer. Est-ce que tu sais s’il y a un petit peu une différence entre les gens qui savent déjà qu’ils ne veulent pas passer le concours et qui du coup se mettent pas trop la pression et les gens qui au contraire veulent le passer, qui peut-être se mettent un peu plus la pression ?

Je ne remarque pas de différence pour ça, d’ailleurs en ayant discuté avec les différentes personnes de ma promo je n’ai pas l’impression qu’il y ait d’élèves qui veulent absolument faire l’internat pour l’instant. Je pense que l’internat en dentaire est un petit peu différent de celui en médecine, parce qu’il n’est pas toujours très attractif étant donné que deux de ces spécialités permettent au public de pratiquer exclusivement dans ces spécialités : l’orthodontie et la chirurgie orale. Et ce n’est pas forcément quelque chose qui est très intéressant pour les personnes qui sont attirées par toutes les disciplines qui sont enseignées.

Ensuite on a la médecine buccodentaire qui reste assez opaque. Donc comme je l’ai expliqué c’est, de manière très résumée, une sorte d’approfondissement de ce qu’on apprend dans toutes les disciplines pour prendre en charge des patients en maladie rare. Mais je n’ai pas l’impression pour l’instant qu’il y ait des personnes qui veuillent absolument faire l’internat.

Est-ce que tu sais si à l’internat finalement, il y a de la place pour tous ceux qui veulent y aller ? Puisque finalement tu me dis que ce n’est pas si intéressant que ça pour tout le monde ? Ou est-ce qu’il y a quand même des gens qui sont déçus et qui ne parviennent pas à y accéder ?

Alors oui, je connais des personnes qui voulaient y accéder… Par contre il y a une bonne chose, c’est que même sans faire l’internat il est possible de pratiquer des soins d’orthodontie par exemple, ou de faire de la chirurgie orale même si on n’a pas fait l’internat. Bien sûr il faut se former après les 6 années d’études, faire des DU par exemple ou des CES.

– D’accord donc il y a d’autres voies d’accès à la chirurgie ou à l’orthodontie en fait.

– Exact, on a le droit de faire de l’orthodontie même si on n’a pas fait l’internat.

On a fréquemment des personnes qui hésitent entre les différentes filières de santé, et notamment entre médecine et dentaire, et cet argument qui revient un petit peu de se dire qu’en médecine on a la pression du concours qui rend les études pas forcément très agréable à suivre. Est-ce que tu trouves toi, d’après ce que tu me dis, qu’en dentaire c’est moins le cas et que finalement on peut avoir une scolarité qui est un peu plus zen ?

Oui, je pense que c’est le cas. Je pense ça surtout après avoir discuté avec des étudiants en médecine qui semblent, plus souvent qu’en dentaire, plutôt stressés vis-à-vis de l’internat. Je pense qu’en dentaire on a une scolarité beaucoup plus tranquille parce qu’on a la certitude d’accéder au métier en question étant donné que c’est déjà spécialisé dès le début. Donc oui je pense que la pression est plus importante en médecine.

Est-ce que dans ta deuxième année actuellement tu as dû développer des méthodes de travail particulières aux études de dentaire ou est-ce que tu as gardé quelque chose qui est assez similaire avec les études que tu faisais avant ?

Alors actuellement le rythme est tel que je n’ai pas eu besoin de développer de nouvelles méthodes. Je compte expérimenter un peu avec la méthode des J qui est assez nouvelle pour moi, mais comme je l’ai dit, on a beaucoup d’évaluations chaque semaine pour nous forcer à nous maintenir à jour et je n’ai pas eu besoin d’employer de méthode particulière pour l’instant en fait. Je relis mon cours plusieurs fois, régulièrement durant la semaine pour être prêt à chaque évaluation et c’est grosso modo tout.

Donc toi tu nous as déjà un petit peu dit que ton idée avant d’entrer en deuxième année c’était plutôt l’omnipratique. Est-ce que c’est toujours le cas ? Est-ce que c’est toujours ça qui t’intéresse ?

Alors oui tout à fait, c’est toujours ce qui m’intéresse. Il est difficile à dire pour l’instant si je voudrais me spécialiser plus tard parce qu’on nous a pas enseigné toutes les disciplines. Il y a certaines disciplines qu’on découvre à partir de la troisième ou de la quatrième année, mais j’aime beaucoup tout ce qu’on fait, surtout la dentisterie restauratrice, la prothèse, un petit peu de parodontologie. Donc j’aime beaucoup l’idée de prendre en charge un patient de A à Z et ça passe par la maîtrise de toutes les disciplines. Et pour l’instant, elles m’intéressent plus ou moins toutes.

– Et donc j’imagine qu’en omnipratique le format le plus classique c’est le cabinet libéral ?

– Oui, il me semble que plus de 90% des diplômés s’orientent vers une pratique libérale.

– D’accord parce qu’après il y a des possibilités peut-être d’exercer en hôpital ?

– Oui, il y a la possibilité d’exercer en hôpital. Actuellement il y a encore la possibilité d’exercer en libéral et à l’hôpital et à l’université aussi. Par contre je sais qu’une nouvelle loi va bientôt passer et qui va empêcher cette double pratique, donc universitaire et libérale. C’est quelque chose à considérer pour les personnes qui seraient intéressées par ce mode de pratique et qui ne serait plus possible.

– Donc ça va empêcher de le faire en même temps c’est ça ?

– C’est ça en fait, on n’aura plus la possibilité d’exercer en libéral et en hôpital ou universitaire aussi.

– D’accord mais est-ce qu’il sera toujours possible de passer de l’un à l’autre ?

– Oui tout à fait, il sera possible d’être temps plein dans l’un ou l’autre.

– Et donc, pour exercer en hôpital ou universitaire, est-ce que c’est nécessaire d’avoir fait l’internat ou est-ce que même en tant qu’omnipraticien on peut faire de l’hôpital ou universitaire ?

– On peut faire de l’hôpital ou universitaire même sans avoir fait l’internat, par contre il y a certaines étapes de parcours à valider durant les 6 années. Par exemple il faut passer un master 1 minimum qui change d’une fac à une autre – à Nice par exemple, je sais que c’est un master en microbiologie orale -, qui donne ensuite la possibilité d’enseigner à la faculté et de travailler à l’hôpital, d’avoir le statut de chef de clinique-assistant hospitalier. Ensuite si on veut aller plus loin et accéder au statut de maître de conférence des universités ou encore de PUPH, il faut passer un master 2 et une thèse de sciences. Mais ça c’est après les 6 années.

Est-ce que tu aurais éventuellement un mot de la fin ou des conseils supplémentaires que tu voudrais donner aux gens qui nous écoutent ?

Alors oui, j’ai quelques conseils en vrac.

Tout d’abord, au niveau de la maturation du projet, je conseille très vivement à tous les candidats de faire un maximum de stages possibles s’ils ont le temps, le temps et l’opportunité. Je pense que ça change complètement la façon dont on voit le métier, la façon dont on voit ce processus de candidature à la passerelle et ça permet aussi d’être rassuré parce qu’on se retrouve avec 10 fois plus de connaissances que ce qu’il est nécessaire d’avoir quand on se présente devant le jury. Donc ça c’est au niveau de la préparation.

Ensuite, au niveau de l’écriture du dossier, je pense qu’il est important que les choses soient parfaitement claires et d’être le plus synthétique possible au niveau de la lettre de motivation. Par exemple, je conseille de manière générale de rédiger un plan détaillé soit avant d’entamer la lettre, soit pendant qu’on est en train de la rédiger et, je conseille toujours de faire relire la lettre à quelqu’un et de lui demander s’il arrive à réécrire le plan. Je pense que de manière générale, le plan doit être apparent à la lecture et le jury doit être en mesure de le reconstituer à partir de la lettre. Ça c’est pour l’écriture du dossier.

Et ensuite, je conseille de ne pas hésiter à solliciter des admis ou des chirurgiens dentistes tout en étant respectueux et patient, parce qu’ils ont beaucoup de choses à nous apprendre et que ça peut changer la façon dont on aborde les choses.

Et enfin, il y a un point très important dont on parle toujours, c’est le financement. Il ne faut absolument pas le négliger. Je pense qu’il ne faut pas mentir au jury parce que ce n’est pas dans notre intérêt : on n’a aucun intérêt à mentir sur le financement, parce que ça ne va pas marcher si ce n’est pas quelque chose qui a été pris en compte, qui a été anticipé. Il y a eu des cas de passerelliens qui n’ont pas anticipé ça et qui se sont retrouvés dans des situations assez compliquées dès la rentrée. Donc il faut faire attention, et je pense que de manière générale il est très difficile de travailler et d’être en dentaire ou médecine, peu importe.

Donc c’est quelque chose à considérer. Il y a des personnes qui y arrivent, notamment sur le discord, mais je pense que c’est assez rare.

– Fin des conseils ?

– Oui fin des conseils, et sinon à part ça je voulais te remercier pour cette entrevue. Je pense qu’on est beaucoup, et notamment moi, à avoir vu ta première entrevue avec Clément, que j’ai beaucoup beaucoup écoutée pendant que je me préparais. Donc j’apprécie cette initiative.

– C’est surtout moi qui te remercie d’avoir donné de ton temps et d’avoir accepté d’expliquer ton parcours aux personnes qui nous écoutent. J’espère que ce sera utile au maximum de personnes possible, on n’oublie pas aussi nos amis d’odonto. Je pense qu’on va s’arrêter là dans ce cas. Merci énormément pour le temps que tu m’as accordé et que tu as accordé aux gens qui nous écoutent. Et Anis, il est sur le discord, il est quand même plutôt actif même si là en ce moment il sera forcément un peu moins là mais du coup je suis sûr qu’il sera ravi de répondre à vos questions si vous en avez.

– Oui d’ailleurs n’hésitez pas à me contacter sur le discord si vous avez besoin de conseils ou de relectures, alors j’ai quelques relectures en cours donc j’ai un peu de travail avant ça, mais je vous répondrai et ça se fera. Voilà donc n’hésitez pas.


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